Film de Cecil B. DeMille que j'avais vu, une seule fois, à l'occasion d'une "dernière séance". Le film d'aventures maritimes qui change un peu du classique film de corsaire ou de pirates, qui se passe dans des îles lointaines et dans des paysages plutôt exotiques
En effet, là, les pirates, tous américains, ont pignon sur rue et organisent des naufrages en utilisant des complices pour récupérer à peu de frais la cargaison du navire. L'action se passe entre Charleston (Caroline du sud) ou la Havane et Key West, éperon rocheux au large de la Floride que doublent obligatoirement les navires dans leurs trajets Nord-Sud.
Le scénario est moins simple qu'il n'y paraît car plusieurs hommes s'affrontent au point que le spectateur doute pendant longtemps de l'innocence relative des protagonistes qui cachent leur jeu (ou leurs intérêts) ; c'est d'autant plus vrai que deux femmes sont mêlées à l'intrigue à travers deux histoires amoureuses modifiant les "équilibres" entre personnages et brouillant les perceptions du spectateur.
Les trois hommes qui s'affrontent sont Ray Milland, John Wayne et Raymond Massey.
Ray Milland joue le rôle d'un avocat, brillant, séducteur. A l'aise dans les salons, il fait l'unanimité auprès des mères désireuses de placer leurs filles. Il fait face à un John Wayne plus brut de fonderie qui joue les capitaines ou seconds de bateaux qui ont justement été victimes des fameux naufrageurs. John Wayne est, en 1942, désormais connu après le succès de "la chevauchée fantastique". Dans ce film, son personnage est un homme plein de courage mais gauche et mal dégrossi au point qu'on doute de sa sincérité et de son intégrité morale.
Raymond Massey dont le personnage, Cutler, est le méchant de service mais qui cache bien son jeu et est très fort dans l'art de faire porter le chapeau à autrui.
Paulette Goddard joue l'énergique et l'intrépide Loxi, amoureuse du beau John Wayne qu'elle a sauvé d'un naufrage mais surtout très attachée à défendre ses propres intérêts. C'est l'aventurière qui parvient à se faire entendre des vieux marins. Mais c'est aussi une femme qui n'oublie pas d'avoir du cœur… Sa cousine, Drusilla, est jouée par une pimpante Susan Hayword qui, elle, sera amoureuse du frère cadet de l'infâme Butler. Brouillant encore un peu les cartes. Non, mais quel sac de nœuds (marins) !
Côté réalisation, on est bien chez Cecil B DeMille qui ne laisse au répit à l'action, dont la mise en scène dans les scènes de tempête (en studio) et surtout dans la bataille face au calamar géant est très convaincante. Oui, il faut faire bien entendu un léger effort pour ne pas voir les petites ficelles du métier dans les effets spéciaux qui accusent parfois leur âge. Mais c'est égal, une fois dans l'action, c'est facile de s'absorber dans l'action. Oui, bien sûr, le gros œil (bleu) du calamar géant fait un peu factice mais la scène est quand même très réussie avec un certain suspense.
Ce n'est certainement pas le meilleur film de Cecil B. DeMille mais c'est un film agréable à regarder évoluer les différents acteurs dans un excellent Technicolor. Des acteurs qui y croient dur comme fer à leurs rôles…