Un film de Robert Guédiguian, tourné en 2011 …

Marseille, l'Estaque, le Vieux Port, le chômage, la CGT …

Oui, comme d'habitude chez le cinéaste, il y a un peu de tout ça.

Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, …

Oui, comme d'habitude, ils sont là …

Le scénario s'inspire du célèbre poème de Victor Hugo "Les pauvres gens". Oui, sauf que. Sauf qu'ici, Guédiguian introduit une modification majeure à l'histoire de Hugo. Et qui change beaucoup de choses au sens du poème.

Spoiler : Même si, à la fin, film et poème se terminent de la même façon.

Je ne veux pas raconter l'histoire sinon pour dire que le couple Ariane Ascaride (aide-ménagère à domicile) et JP Darroussin (délégué syndical au chômage), grands-parents finalement heureux en famille et avec les amis, se font braquer violemment à domicile par deux jeunes.

Spoiler : Un des jeunes est retrouvé, mis en examen et risque une dizaine d'années d'emprisonnement. Circonstance nettement aggravante dans "mon" ordre des choses : il s'agit d'un jeune ouvrier de la même entreprise, licencié le même jour que Darroussin.

Mais cette agression révoltante sera le début d'une remise en question de chacun au point qu'à la fin, je simplifie et force le trait, les victimes sont coupables et les coupables sont des victimes. Et, là je dis non. Car si chez Hugo, il n'y avait que de la solidarité entre gens très pauvres face à des gens encore plus pauvres, Guédiguian introduit une dimension complémentaire à laquelle je n'adhère pas.

Le scénario, très vite prévisible, bâti sur d'énormes grosses ficelles, aboutit à d'improbables et peu crédibles bons sentiments. Comment avoir de l'empathie pour cet agresseur qui, en plus, crache sa haine à la figure de Darroussin, sans le moindre regret ? Des petits malfrats comme lui, il y en a à la pelle qui détroussent des vieilles dames, beaucoup plus faciles à braquer et sans risque … Si je suis bien l'idée de Guédiguian, il me faudrait en plus les plaindre. C'est un peu trop me demander.

Mais il n'y a pas que ça qui me déplait. Plusieurs scènes très fortes me posent aussi problème. La réaction du commissaire de police qui donne une matraque à Darroussin en l'invitant à rencontrer, seul, l'agresseur menotté et en lui disant, en substance "Vas-y, mon gars, fais-toi plaisir". Et aussi, la scène, très crue, où Ariane Ascaride rencontre la mère (dénaturée, of course) de l'agresseur qui finit par l'engueuler…

Au final, le film se regarde parce que Guédiguian est un bon metteur en scène et que les acteurs sont bien menés et jouent correctement la partition qu'on leur a confiée. Il n'y a que l'histoire qui est bancale et peu crédible. Voire même malsaine parce que pétrie de faux bons sentiments. Et c'est l'essentiel, "l'histoire", comme disait Gabin (ou Duvivier) dans sa définition de ce qu'il faut pour faire un bon film …


JeanG55
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le 12 oct. 2024

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JeanG55

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