Vous connaissez peut-être l'argument du film : un ex-délinquant sexuel (Mitchum)sort de 8 années de prison. Il arrive dans la ville où vit le témoin qui l'a envoyé en prison, un avocat (Peck), et ne cesse de lui tourner au tour, jouant avec ses nerfs et menaçant sa famille à mots couverts.
Encore une magnifique interprétation de Mitchum en tueur froid, comme dans "La nuit du chasseur". Sans dire un mot, par sa présence physique, sa sauvagerie intérieure contenue, Mitchum crée une ambiance d'inquiétude. Les autres acteurs sont bien sûr bons, mais le film repose en grande partie là-dessus. Dans une scène, notamment, Mitchum tose nu noie un officier de police dans un marais : sa vivacité, sa sauvagerie et son manque d'expression font vraiment penser à un alligator. A plusieurs reprises on pense comme les autres personnages : il n'est pas possible de tomber plus bas moralement que cet homme.
Le décor est celui d'une petite ville américaine, avec le parc, le palais de justice, les rues bordées de pavillon... et le marais. Le rythme du film est efficace, avec une montée de Peck dans la fureur, à mesure que l'impuissance de la justice, que le meurtrier arrive perversement à retourner contre lui, se fait plus criante. La musique de Bernard Herrmann est excellente, dès la première scène.
Le film serait un simple film de vengeance si le personnage de Peck n'était pas aussi ambivalent. Il commence par se placer sous la protection de la loi, puis, constatant leur échec, il a recours a des moyens de moins en moins reluisants.Son discours final, devant Mitchum vaincu, montre qu'il a lui aussi perdu toute humanité. Il a donc perdu.
Un thriller puissant qui fait réfléchir sur les insuffisances de la loi, la sauvagerie contenue en chacun de nous.