"Quelques minutes seule avec moi chérie, et tu vas parler toutes les langues de Babel."
Bien qu'il soit un remake, et par conséquent on pourrait croire qu'il s'agit-là d'un film plus axé vers un but lucratif, Martin Scorsese lui impose pourtant sa patte et va même plus loin en proposant des thématiques intéressantes.
Au-delà de son postulat de départ plutôt simple, "Les Nerfs à Vif" est avant tout une critique piquante du système judiciaire Américain. A travers ce thriller captivant, Scorsese frappe là où il faut pour soulever des questions pertinentes. De la condition d'un avocat qui a défendu un criminel, de la justice qui tend aussi bien à défendre les mauvais que les innocents, de nombreuses problématiques se conjuguent ici.
Bien qu'il ne fasse pas preuve de beaucoup de subtilités dans son développement, à l'image du personnage de Max Cady, Scorsese sait pourtant insuffler à son film une tension permanente et un suspense haletant. Le méchant du film n'en n'est pas simplement un, il est surtout l'incarnation de tout ce que la société Américaine redoute. A travers la tourmente de cette famille, le réalisateur illustre ce qu'est l'oppression, la crainte ou bien encore la frustration.
Nick Nolte incarne un avocat qui a envoyé en prison un criminel, il est persuadé d'avoir fait son devoir, pourtant une fois que Max Cady sera relâché, Bowden sera la proie du doute face à ses actions passées. Les deux acteurs sont excellents, le face à face est d'autant plus impressionnant car il est volontairement brutal. Rarement De Niro avait été aussi inquiétant. Jessica Lange quant à elle, crève l'écran à chacune de ses apparitions.
Le film en lui même ne souffre d'aucune longueur, le rythme est tout à fait soutenu. La musique est à l'image de l'histoire, captivante et pleine de suspense. Visuellement la réalisation est parfois un peu kitch, c'est assez surprenant de la part de Scorsese d'ailleurs.
Indéniablement un Scorsese à part, mais en tout cas un très bon thriller dans son genre, la psychologie des personnages est parfaitement gérée, et l'ensemble tient en haleine jusqu'à la toute fin.