Ils se pensaient spéciaux.
Se projeter toujours un peu dans un film si fort. Dès la première scène, une voiture qui s'arrête au milieu de rien, en pleine nuit, et un conflit d'un couple déjà essouflé, une Kate Winslet décoiffée et lasse, un Leonardo Di Caprio qui ne comprend plus, et dès cet instant le jeu nous retient.
C'est l'histoire d'un couple qui se croyait différent et ne l'était pas. Qui se croyait mieux que tout le monde, mais qui ne l'était pas. C'est l'histoire d'un amour qui meurt de s'être trop confronté à la réalité de l'autre.
Les Noces Rebelles c'est cette femme qui se trompe de mari, parce qu'elle croit qu'il est ce qu'il dit, et un mari qui pensait être quelqu'un d'autre. C'est une femme instransigeante et idéaliste, désespérée de ne pas pouvoir être elle.
Et derrière ça, le désir de voyage. D'être spéciaux. Ils sont si spéciaux, si libres. Partir à Paris. Alors qu'ils ne peuvent pas le faire.
Et quand bien même, partir à Paris pour recommencer...
Enfermés dans tout ce qu'elle méprise, dans tout ce qu'il pensait détester mais dont il s'accommode, ils agonisent, elle méprise. Et ce couple qui rêvait meurt de réalité.
Ce couple qui gêne quand ils racontent leur projet, parce qu'ils renvoient à tous le piège de leur vie. Le rejet de tous.
Le personnage du fou, ce fou qui sait, qui dit, qui lui, véritablement, gêne et dérange. Qui les dérange eux d'être vraiment hors des carcans sociétaux.
Et finalement, une mort qui permet à chacun de les oublier, à tous de reprendre leur vie en les oubliant, de les juger sans chercher à les comprendre, eux qui luttaient pour être autre chose.
Une dernière image, celle de ce vieil homme qui coupe son sonotone pour ne plus entendre sa femme parler. Et une question qui reste et hante : l'amour finit-il toujours ainsi? A quel moment l'image de l'autre craquelle, l'image qu'on s'était créé? L'amour peut-il être autre chose que cette déception qui mène au désespoir?