Les noces rebelles, un film splendide !
Les noces rebelles a permis au couple légendaire du cinéma de se retrouver à l’écran : Leonardo di Caprio et Kate Winslet. Pourtant, l'histoire n'a rien à voir avec l'idylle amoureuse du Titanic qui s'achève dans un adieu romantique et glacé. Le couple des noces rebelles est beaucoup plus réaliste, mais tout aussi dramatique.
April a rencontré Frank Wheeler lors d'une soirée dansante arrosée. Ce fut le grand flirt, le coup de foudre et tout le tintouin. Vous savez, l'homme parfait qui rencontre la femme parfaite. Ils se sentent tellement parfaits tous les deux (ou plutôt, « supérieurs ») qu'ils tendent immédiatement à devenir le couple parfait. Ils emménagent rapidement ensemble, font des enfants, April prépare des pommes de terre frites à 10h du matin pendant que les enfants gambadent sur la pelouse tondue, et l'homme va gagner son pain en fumant grassement dans son bureau. La petite vie parfaite de banlieue.
Le problème, c'est qu'April aimerait se détacher du lot. Ne pas être engloutie par la routine et les obligations familiales. Ne pas être avalée par cette société de moutons, au cœur des années 50. Elle veut une vie hors-normes, travailler pour son mari et non pas l'inverse, voyager... Et peu importe si son entourage la considère comme un ovni. C’est même très valorisant pour elle et son ego. Ce couple va batailler pour échapper à la vie triste et toute tracée que mènent leurs voisins et leurs collègues.
Ce film fait réfléchir sur ce que l'on veut pour notre avenir, ce qui est réaliste et ce qui ne l'est pas. « Noces rebelles » prouve que le bonheur ne se trouve pas dans l'excentricité. Qu'être une personne à forte personnalité, belle, élégante et obstinée n'aide pas à avoir une vie meilleure. Que la simplicité est finalement la meilleure chose pour vivre sainement. Ce film nous rappelle aussi que pour réaliser ses rêves, il faut les préparer longuement à l'avance et non au dernier moment, lorsque les circonstances ne s'y prêtent pas. Finalement, les personnages de « Noces rebelles » nous invitent à rester humbles et fuyards.
Et c’est ce message qui est perturbant. Ces personnages nous paraissent antipathiques, pourtant, il est très facile de s’y identifier. Frank est un prince attentionné mais agit comme le plus gros des saloparts. April est prête à suivre ses rêves sans se soucier de ses enfants. Leur outrecuidance et leur idéalisme les mènent à leur propre perte. Et les gens simples dans la maison d’à côté sont heureux…
On s’attache à ces personnages embourbés dans leur banlieue, qui se déchirent, hurlent, pleurent, s’offusquent, s’aiment puis se détestent. Leur relation prend une tournure extrêmement tendue. La tension monte en crescendo jusqu'au dénouement, et ce qui est extraordinaire, c’est que le réalisateur Sam Mendes parvient à élever la tension à son paroxysme dans une scène calme et souriante, celle du petit-déjeuner.
Si le film parait génialissime, avec un Leonardo parfait sur toute la ligne, Kate nous livre parfois des grimaces ridicules et des demi-clignements d'yeux assez étranges. Son profond désespoir n'est pas toujours bien joué lorsqu'elle reste immobile avec les paupières qui coincent, cigarette à la main. Autre détail risible : les deux rapports sexuels du film durent moins d’une minute. Un détail insignifiant, certes, mais qui déconcentre le spectateur. Disons qu’April se perd encore plus puisque le sexe ne la libère pas de son profond désespoir.
Le final de « Noces rebelles » nous laisse troublé et angoissé. Les Wheeler étaient-ils trop idéalistes et arrogants, ou ont-ils été engloutis par les conventions de leur société ? Faut-il forcer le dialogue et la confrontation dans un couple ou faire comme les voisins, mimer un semblant de bonheur ? La dernière scène du film semble nous répondre. S’éclipser. Fuir. Ignorer.