Un Disney moderne enfin réussi !
Ces dernières années, nous pouvons constater qu’il existe pas loin de deux types de films d’animation Disney. D’un côté, nous avons les éternels films de princesses qui ont fait le succès de la firme aux grandes oreilles et ce depuis ses débuts (Blanche-Neige et les Sept Nains) tout en continuant à ravir les spectateurs (Raiponce et La Reine des Neiges). Et de l’autre, des longs-métrages qui tentent de moderniser la réputation du studio en voulant mettre sur le devant de la scène des thématiques d’actualité comme la télévision (Volt, star malgré lui) ou encore les jeux vidéo (Les Mondes de Ralph). Cette seconde catégorie n’ayant pour le moment pas réussi à impressionner l’inconscient collectif (malgré un succès critique, qui se souvient franchement de ces films ?), il y avait donc de quoi appréhender le nouveau-né Disney, libre adaptation d’un comics Marvel méconnu en France intitulé Big Hero 6. Nouvel essai destiné à tomber à l’eau au fil du temps ou véritable prouesse de modernisation ? Autant le dire tout de suite : Les nouveaux héros est une franche réussite !
En voulant s’éloigner du matériau de base pour imposer ces nombreux codes tout en lui restant fidèle (le côté Justice League version nippone du comics n’est jamais écarté), les studios Disney réitèrent l’exploit des Indestructibles, à savoir réaliser un super-hero movie ouvert au grand public, qui ne soit pas formaté que pour les spectateurs geeks. Certes, Les nouveaux héros suit un schéma scénaristique balisé au possible qui ne surprendra personne (on devine bien trop vite l’identité de l’antagoniste) tout en produisant son lot de séquences intimistes et d’action déjà vues. Mais malgré cela, les réalisateurs Don Hall et Chris Williams sont parvenus à livrer un divertissement grandement maîtrisé, aussi bien au niveau scénaristique que technique.
Premièrement, Les nouveaux héros doit son succès à ses personnages, notamment ceux que nous trouvons en tête d’affiche. Je veux bien sûr parler de Hiro, un jeunot surdoué fanatique de robotique bien loin du cliché « superbe étudiant intello replié sur lui-même » super attachant grâce à sa fougue qui va s’entourer de protagonistes secondaires sachant rimer avec cool attitude et ce malgré leur côté archétypal. De véritables comiques qui arrivent à amuser le public à chacune de leurs répliques qui, malgré leur efficacité, ne parviennent pas à la cheville de l’autre personnage principal de l’aventure, à savoir Baymax, une sorte de bonhomme Michelin qui déclenche le rire de par sa seule présence à l’écran. Vous l’aurez compris, avec Les nouveaux héros, Disney propose des protagonistes dits modernes enfin mémorables, à la hauteur d’un Baloo ou encore d’un Stitch. Modernes dans le sens où ils font l’objet d’une histoire leur permettant d’évoluer non pas dans un univers de conte de fées mais bien dans un monde purement réaliste et high-tech qui use aussi bien de thématiques chères aux studios (l’amitié, le dépassement de soi, l’amour de ses proches…) qu’osées dans ce genre de divertissement pour enfants (le deuil, la vengeance…), ces dernières allant jusqu’à proposer des séquences tout bonnement percutantes et bouleversantes qui ne laissent nullement indifférent.
L’autre grand atout du long-métrage : son dynamisme. Démarrant aussitôt par un combat de mini-robots, le film ne va jamais faiblir niveau rythme, nous émerveillant sans cesse les yeux par des séquences d’action virevoltantes tout en arrivant à introduire de l’humour et de l’émotion sans que cela ne fasse tâche à l’ensemble. Un véritable délice qui a de quoi susciter toutes les attentions possibles, si la qualité visuelle ne l’avait pas déjà fait avant. En effet, l’animation des Nouveaux héros est une nouvelle prouesse technique qui peut expliquer à elle toute seule l’Oscar du meilleur film d’animation obtenu récemment par le long-métrage : une fluidité hors du commun pour des graphismes incroyablement détaillés et joliment colorés. Un régal pour la rétine, qui vient parfaire une bande sonore (bruitages, musiques…) de toute beauté. Rien qu’avec ça, Les nouveaux héros prouve qu’il ne faut pas avoir forcément besoin d’images spectaculaires pour en jeter en max !
Après des années à proposer des nouveautés qui n’arrivaient pas à la cheville des histoires de princesses, Disney parvient enfin à livrer un long-métrage familial moderne réussi en tout point. Drôle, mature, énergique et touchant, le dernier-né des studios aux grandes oreilles se présente comme l’un des meilleurs divertissements de la firme, faisant presque oublier qu’il s’agit-là d’une collaboration avec Marvel (même si Stan Lee « apparait » dans le film comme pour toutes les productions de ce genre). Et pour une fois, il nous tarde que Disney veuille bien donner une suite à ce bijou d’animation made in Hollywood.