Après La Reine des Neiges, dessin animé sympathique bien que sans réelles prises de risque, Disney nous pond Les Nouveaux Héros ou Big Hero 6 (merci encore à la France de traduire les titres originaux de films comme bon lui semble...). Mauvais timing pour commencer : 3 mois d'écart entre la sortie en Amérique et la sortie en Europe, ce qui déjà est loin d'être la meilleure stratégie marketing pour un film à gros budget comme celui-ci. Mais qu'importe analysons ce Big Hero 6 qui semble illustrer (enfin ?) un souffle de renouveau pour le studio américain.
On a déjà affaire à un contexte inédit dans un Disney. L'histoire se passe à San Fransokyo, une ville mixant les clichés euh... atouts de San Francisco (Golden Gate Bridge) et les buildings et la modernité permanents de Tokyo. On voit tout de suite que l'on évolue dans une époque actuelle voire dans un futur proche, ce qui ne serait pas étonnant compte tenu des multiples technologies que l'on voit ici et là. Les personnages ont des tronches d'Américains avec des noms japonais, ce qui est très bizarre au premier abord mais on s'y fait vite. Bref changement radical de mise en scène pour ce Big Hero 6, à tel point qu'on se demande souvent si c'est réellement Disney qui en est l'auteur.
Le but premier des protagonistes ne change pas, il leur faut toujours zigouiller un super méchant, mais ce dernier reste mystérieux et intéressant. Il y a une réelle volonté pour lui de se venger, ce qui donne lieu à une intrigue et à scénario plus poussés et plus inventifs que dans un autre Disney. Evidemment ça casse pas trois pattes à un canard ça reste adapté aux plus jeunes, mais le constat est bel et bien là, et le fossé scénaristique avec La Reine des Neiges est important. De même Big Hero 6 tente quelques fois de jouer la carte de la maturité et réussit son coche. On a droit à des scènes très drôles sans exagération (je me suis tapé des barres incroyables devant la scène du flic), des scènes plus dramatiques sans exagération, et des dialogues sans exagération. Finis également les chants puérils, place à une OST toute en fraîcheur avec un mélange d'électro-rock et son soupçon de musique traditionnelle japonaise très efficace, et un générique sous fond des Fall Out Boy qui permet de finir sur une bonne note.
Bien entendu le studio Disney n'a pas renié ses principes et sa patte reste très présente, pour le meilleur comme pour le pire. Le robot gonflable Baymax (qui est la mascotte du film au même titre qu'Olaf dans La Reine des Neiges) est attachant et très drôle. Les graphismes et la fluidité sont encore une fois à tomber par terre, et les quelques scènes d'action sont plutôt impressionnantes. Seulement voilà tout n'est pas rose, et le studio continue encore et encore de nous servir des personnages secondaires trop creux et uniquement là pour amuser la galerie. C'est vraiment dommage car on aurait pu pousser davantage l'intrigue au lieu de se concentrer uniquement sur le méchant et le personnage principal. Sur ce point Pixar fait beaucoup mieux. De même la seconde partie, bien qu'impressionnante graphiquement et offrant de l'action à foison, manque cruellement d'originalité par rapport à la première et se révèle ainsi moins efficace.
Big Hero 6 apporte le vent de fraîcheur tant attendu (ou pas) chez les fans de Disney. Car il faut avouer que le tournant est brutal, et le film peut diviser, notamment chez les réactionnaires. La poésie dont on était jusque là habitués laisse place à quelque chose de beaucoup plus délirant avec un rythme effréné. Mais pour ceux qui voulaient du changement nul doute que c'est un très bon début, et on espère que le studio continuera dans sa lancée en améliorant au passage la complexité de ses personnages. C'est drôle c'est fun c'est frais c'est beau : on en veut encore !
