Les monstres s’étaient, par le passé, montrés cruels envers leurs contemporains. Drôles assurément. Mais cruels quand même. Difficile de ne pas se reconnaître dans l’un ou l’autre de ses vilains portraits, pauvres hères que nous sommes. Risi et ses copains sont de fins observateurs avant d’être de grands réalisateurs et aiment à mettre le doigt là où ça fait mal.

Mieux vaut en rire qu’en pleurer comme ils disent. Alors on rit. Beaucoup car ils sont forts ces italiens.

1978. Les monstres sont de retour. Une fois ne suffisait donc pas.

Risi a de nouveau invité du beau monde. Scola et Monicelli viennent lui apporter un soutien dont il n’avait absolument pas besoin à la réalisation. Gassman et Tognazzi, fidèles au poste reviennent nous abreuver de leur talent comique. Quelques nouveaux également dont Alberto Sordi. Le bougre prend aussitôt place parmi les grands.

Il fallait s’y attendre. Les vices, tares, faiblesses et bassesses de l’être humain sont à l’honneur. Au déshonneur ? Ici cet homme n’hésite pas à mettre la vie de sa chanteuse de femme en danger pour éviter l’annulation d’un concert. Ici ce cuisinier sert du jus de chaussette (au sens propre) à ces intellectuels au rabais qui le dégustent consciencieusement. Ici ce pervers perd tout contrôle des évènements lorsque son auto-stoppeuse avoue s’être évadée de prison. Mais s’en sort bien. Le méchant s’en tire toujours bien, une constante. Qui a dit, comme dans la vie ? Grincheux. Rit plutôt un peu. Il y a de quoi faire.

Vittorio Gassman est grand. Il faut le voir, cardinal, haranguant ces ouailles pour les ramener dans le droit chemin. Il faut le voir supplier les ravisseurs de sa femme. Il faut surtout le voir cuisiner.

Alberto Sordi est hilarant. D’aucun lui reprocherons d’en faire trop. Que nenni, c’est un film italien ne l’oublions pas.

Ugo Tognazzi est odieux et splendide.

Chaque acteur est simplement à sa place, du marmonnant blessé au loufoque cuisinier. Tout ce beau monde est, au-delà de la satyre sociale, au service du rire. Le vrai rire, celui que l’on n’oublie pas, auquel on repense avec douceur et émotion longtemps après lorsque nous revient en mémoire, au hasard d’une situation, une scène de ce film hilarant.

Toujours inspiré et bien entouré, Dino Risi réitère la performance des monstres et livre une nouvelle collection de sketches bien ficelés et drôles. Pour tous les amateurs de comédie italienne.
-IgoR-
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le 4 mars 2014

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