En matière comique, il paraît que ce sont les blagues les plus courtes qui sont les meilleures.
L'industrie du cinéma aurait dû se souvenir de cette maxime à l'heure où elle se penchait sur Les Nouveaux Mutants.
Tourné en 2017 et devant initialement ferrailler sur grand écran début 2018 entre Black Panther et Avengers : Infinity War, le film subit supposés reshoots, mauvais traitements et charcutages, pour finalement être balloté au gré des reports sans raisons, puis du rachat de la 20th Century Fox par le Grand Satan aux grandes oreilles.
La date de sortie finalement retenue du 1er avril 2020, promis juré craché, portait en elle même la promesse d'une énième blague, avant que le Covid-19 ne balaie les derniers espoirs.
Le signe indien était à l'oeuvre...
Bazardé aujourd'hui dans une période on ne peut plus défavorable, surtout en face du colosse Tenet, Les Nouveaux Mutants, projet irrémédiablement maudit, voit enfin le grand écran, mais à la sauvette. Sans tambour ni trompette. Comme s'il arrivait après la bataille. Après l'engouement puis l'immédiat rejet du genre super héros.
Et alors que l'industrie commence à faire ses fonds de tiroirs pour adapter du héros peu connu, voire de seconde zone pour certains.
Le film cumule donc les tares avant même la première seconde de sa projection, anticipé qu'il est comme le nouveau mollard craché à la tronche du spectateur qu'il doit forcément être...
Au moins ne mâche-t-on plus ses mots dans le rejet de ce que l'on déteste : la critique professionnelle fait de sacrés progrès niveau bêtise assumée...
Les Nouveaux Mutants retricote donc l'histoire la plus marquante de l'équipe, The Demon Bear Saga, en faisant preuve d'une certaine originalité. Plus de costume, plus de grand méchant immédiatement identifiable, le film essaie de sortir des sentiers battus en différant le plus possible la manifestation des pouvoirs de chacun à l'écran. Le tout empruntant la forme d'un film d'épouvante, genre inédit pour Marvel au cinéma.
D'autant plus que Les Nouveaux Mutants rappelle, de manière surprenante... Freddy 3 : Les Griffes du Cauchemar.
Et si l'épouvante s'avère light, les cauchemars mis en scène demeurent efficaces, tout en restant classiques, dans leur imagerie. Tandis que la menace sourde prend de plus en plus de place, tendant un peu l'atmosphère. Dommage seulement que Josh Boone se montre très sage derrière la caméra, ne profitant jamais de son lieu unique pour affirmer le sillon de l'horreur pure qu'il voulait explorer. Tout comme il se trouve parfois handicapé par une photo assez peu inspirée.
Car cet hôpital et ces fantômes méritaient mieux, à l'évidence, trahissant le budget étriqué de l'entreprise.
Une montagne de défauts aux yeux de certains, donc. Sauf que Les Nouveaux Mutants ne mérite pas, loin de là, les gémonies écrites avec les pieds de certain(e)s. Comme déjà évoqué, les cauchemars qui hantent chaque paria de cet hôpital sont plutôt bien troussés, tout comme les trois personnages féminins de l'équipe, au détriment de Rocket et Sunspot, qui n'existent que par leur pouvoir. Le climax du film finit d'emporter une certaine adhésion, des plus étranges pour une oeuvre qui sera sans doute rejetée en bloc de manière aveugle.
Les Nouveaux Mutants n'adapte son matériau de base que par bribes, c'est une évidence. Mais réorganise ce qu'il utilise avec une idée novatrice bienvenue sortant du cahier des charges du Marvel Cinematic Universe pour voisiner quelque chose d'un peu plus sombre dans les tourments habituels de l'adolescence. Que l'on devine, par instant, plus torturé, à l'image du trauma de Wolfsbane ou des allusions sur la nature des mauvais traitements subis par Illyana. Pas étonnant finalement que la Fox, puis Mickey, n'aient pas trop su quoi faire de cet encombrant opus difficilement identifiable à leurs yeux.
Mais bon, trois années pour prendre une décision, cela doit être ça, la vaste blague...
Behind_La somme de toutes les peurs_the_Mask.