Allumer...la mèche !

Le film est à prendre comme une farce, et n'a finalement pas grand chose à faire de la satire sociale engagée (le schéma du mépris de classe dans les épisodes "Mort aux rats" et "La proposition" reste artificiel à mon sens; à l'aune du reste rien de très socialiste ! ). On lui reproche d'être vulgaire et surtout populiste. Bof, le problème pouvait se poser avec "La bombe", mais il n'y a pas d'identification possible, le personnage est juste un sale type qui finit en plus en héros absurde. Quand bien même il est fait allusion aux dérives du néolibéralisme (un retraité, préoccupé par ses loisirs de luxe, parlant des concessions de l'Etat faites au privé), l'ingénieur qui néglige sa famille, est surtout une vilaine caricature de la classe moyenne, dont l'individualisme forcené (forgé par un niveau de vie aisé), n'est pas loin de rimer avec l'esprit libertarien (anti-étatiste). La loi c'est moi. Plus de société, rien qu'un ensemble d'individus faisant semblant de vivre en bonne intelligence (tant que les sous sont là, et encore !). Puis l'ingénieur est mis aux arrêts, acclamé par ses co-détenus, héroïsé par des réseaux sociaux prompts à déformer les évènements. Donc s'il y a vulgarité, c'est bien celle qui est décrite et non le regard du cinéaste.

L'ensemble du film est vraiment jubilatoire, avec une mise en scène très efficace, tant dans le montage, précis, économe, que dans les plans-séquences (jeu de flous dans la séquence du téléphone ou danse des mariés évoquant l'infidélité, par exemple).

Je n'ai pas revu "Les monstres" que toute la critique porte en exergue pour déprécier le film, ni "Chute libre". Dans le registre de l'humilié, laissé-pour-compte du néolibéralisme, sombrant dans la folie réactionnaire (épisode "Pasternak" relié à "La bombe"), on songe bien sûr à ce que sera "Joker" (et ses influences scorsesiennes: "Valses des pantins" surtout).

Un univers méchamment cartoon habite les meilleurs épisodes, les moins "engagés" socialement justement.

Excellent !

(7,5/10)