Je suis étonné de voir les notes plutôt tièdes voire mauvaises de mes éclaireurs sur ce film car j'ai beaucoup aimé.
Prix de l'interprétation féminine à Cannes, Les nuits de Mashhad est un thriller inspiré d'une histoire vraie qui se concentre sur un tueur de prostituées et l'enquête d'une journaliste au sujet de ces crimes.
Je pense que le film aurait pu aller encore plus loin dans l'ambiguïté de son message (la dernière partie aurait pu être plus radicale encore), mais pour moi il offre déjà tellement que ça reste une grande réussite. N'en lisez pas plus si vous ne voulez connaître aucun élément de l'intrigue, foncez le voir si c'est encore en salles chez vous ou attendez patiemment une sortie VOD/Blu-Ray, voire une diffusion télé ou une disponibilité sur un service de VOD.
Le fait de se concentrer sur le tueur qui a tout de l'homme ordinaire en dehors de ses activités nocturnes, dévasté par ses souvenirs de guerre tout en nous montrant la jouissance qu'il ressent lorsqu'il fait son "devoir" pour servir la volonté divine, j'ai trouvé ça plutôt bien amené, et surtout de voir le rapport de sa famille aux crimes qu'il a commis. C'est aussi glaçant que fascinant.
Du côté de la mise en scène, le film ne va pas hésiter à nous donner envie de détourner le regard. Il fallait montrer toute cette violence de façon quasi-documentaire, caméra à l'épaule, pour que l'on puisse en aucun cas avoir une once de compassion lors des scènes de procès, qu'on prenne toute la mesure de ces crimes et de leurs conséquences.
Le souci du film comme je l'ai dit un peu plus haut c'est qu'on aurait pu montrer la corruption du pouvoir un peu plus frontalement, mais je trouve que le choix du réalisateur de nous montrer un fanatisme religieux qui va gangréner les citoyens lambda est peut-être encore plus effrayant. Ce n'est pas uniquement le pouvoir en place qui est remis en question, mais des opinions au sein des familles en Iran qui sont aussi dangereuses que nauséabondes et justifieraient des actes impardonnables.
Ali Abbasi maîtrise totalement la tension et va se permettre de jouer avec le son à plusieurs reprises. Le tueur est hanté par ses démons et le moindre son environnant (le rire d'une future victime par exemple) peut le faire vriller alors on va appuyer là-dessus. J'ai trouvé ça malin et bien mené de bout en bout. C'est une belle surprise, et pour moi c'est important de soutenir un tel film.