L'impression d'être abasourdi, que ce monde pourtant si vaste où mille voyages puisses être parcourus et autant de visages confondues, que je ne me serai finalement égaré, qu'il n'y ai plus que Mashhad, endroit viscéral mais paradoxalement débarrassé, dépouillé de toute joie de vivre. Cet endroit m'enivre, son atmosphère, on se laisse volontiers autant s'enfoncer dans la nuit noire que dans la laideur du jour en espérant savoir peut-être ce qu'il s'y passe, maintenu en haleine par ce climat d'oppression qui n'a pas seulement l'odeur du soufre mais, celle aussi de la corruption, de la drogue, une odeur de crasse qui embaume les narines et qui serait sans cesse sur le point d'imploser mais qui resterait pourtant stable, maintenu en survie d'on ne sait quelle façon car surtout, le film nous demande de bien croire que les choses ne sont pas si simples qu'il n'y parait. Le souffle donc profond, c'est avec le visage pâle qu'on avance et qu'on languis impatiemment d'avoir à être plaqué au sol par la réalité, mais ce visage pâle c'est probablement tout ce que le film parvient à nous flanquer tout le long, entrant le ventre creux dans cette ville, comme si manger n'avait jamais été un besoin vitale, on se découvre comme privé de rêves pour la première fois, assistant à un monde froid, subissant ce qui serait la folie... déconcerté on ne saurait la définir exactement tant elle peut être protéiforme, mais le film ne faisant que la montrer dans son plus simple appareil qu'on s'y retrouve qu'uniquement confronté, ne sachant comment réagir, qui véritablement appeler au secours en ces lieux étriqués qui laisse à peine respirer, laissé donc à notre propre sort nous aussi. Figé, immobilisé là, au fond de notre siège, le film ne nous apprend rien, ce n'est pas son but, il reste silencieux, lancinant, la réalité on la connaissait dès le départ et il non, il ne nous donnera finalement satisfaction aucunement d'aucun fantasme moribonde gratuit pour esthétisé son œuvre ou scénarisé une surenchère de la violence pour gavé l'appétit d'une partie du public peut-être pistant les films gores pour quelques minutes d'extase. Non, il ne nous laissera rien d'autre que la réalité à avaler, sans artifice, nous laissant simplement repartir avec ce même ventre creux mais, happant, sa réalité ne nous quitte pas, on la ressasse, comme si elle prenait le pas sur tout le reste. Les mains dans les poches, on trace ensuite son chemin pour retourner chez soi, mais ce film reste dans ta tête, comme un bruit blanc où tu te demandes pourquoi est-ce que ce que tu viens de voir te donne l'impression d'avoir comme pris une cuite en pleine semaine et devoir reprendre le travail le lendemain, il est où le problème ? Réfléchir à tout ça devient comme être perdue dans un blizzard. Ce film c'est ça, il te laisse dans un état vague, ébranlé peu importe ce que tu peux croire, ne pas croire ou savoir, car même conscient de ça, des formes de violences qui sévissent dans le monde, il te happe, ne te ménage pas, et te laisse repartir les pieds sciés, te laissant te débrouiller pour refaire surface après ça... Seuls points négatif que je soulèverais avec ce film c'est son manque de subtilité à la fin et la façon dont la mise en scène peut être menée sur tout le long ressemblant trop aux thrillers américains (ex : musique oppressante lors des scènes avec le serial killer, manière de filmer la ville la nuit) et par conséquent, rendant le film trop prévisible, trop ordinaire, trop convenue, jamais on ne se sens vraiment dépaysé, c'est filmer comme si on était aux state dans les villes de l'Ouest alors qu'on est sensé être à l'Est au Moyen-Orient. C'est le seul bémol que j'y trouve pour ne pas le trouver réussit mais uniquement intéressant.