Premier film des scénaristes et anciens critiques Laurent Courtiaud et Julien Carbon deux hexagonaux installés à Hong-Kong depuis quelques années, "Les Nuits rouges du Bourreau de Jade" se veut être un mélange hybride de culture. Un film marqué par une violence et une sexualité extrême qu'il ne faut pas mettre sous tous les yeux. Au même titre que "Les rencontres d'après minuits", il fait appel au cinéma d'exploitation bis des années 70 et repose indéniablement sur des piliers du cinéma de genre.
Thriller fétichiste, il se démarque par une mise en scène du gore et de la sensualité bien différente de ce qu'il nous est habitué de voir et rend ce film culte au premier visionnage et nous hypnotise sans trop savoir pourquoi nous donnant immédiatement envie de nous replonger dedans pour en capturer toutes les subtilités.
Un jeu du chat et de la souris un brin pervers entre deux femmes que tout opposent (pas tant que ça au final) s'installe dans un Hong-Kong à la fois réel et fantasmé à l'esthétique sublime. Mais ce jeu ne serait pas aussi intense sans la performance des actrices principales. Frédéric Bel nous prouve ici qu'elle peut être autre chose qu'une blonde écervelée et se voit mise au rang de femme hitchcockienne, belle, déterminée et froide, débitant ses dialogues d'une manière banale ce qui la rend glaçante au possible. Mais la vraie déesse de ce film c'est bel et bien Carrie Ng, légende du cinéma chinois qui incarne ici un personnage aux multiples facettes toutes plus appuyées les unes que les autres. Vénéneuse, amoureuse, cruelle, manipulatrice, sensuelle, perverse, elle crève littéralement l'écran et nous livre une scène final d'une intensité rare, et il faut bien le dire, elle n'y est pas pour rien dans la réussite du film.
Pour un premier film les réalisateurs ont frappé fort, on a même du mal à croire que c'est le premier. Une mise en scène parfaite inspirée à chaque plan et embelli par l'étrange bande-son de Seppuku Paradigm, et de multiples références allant du giallo italien au cinéma contemporain hong-kongais. Film instantanément culte pour tout fan du cinéma de genre français un peu borderline. Moi je dis un grand OUI.