Voici sans aucun doute l'un des films de guerre les plus âpres et les plus authentiques qu'a produit Hollywood, qui s'inscrit dans le registre des films guerriers dénonçant le militarisme. Moins connu que Aventures en Birmanie déjà réalisé par Raoul Walsh en 1946, on y trouve une richesse dramatique de grande valeur. Adaptant le dur roman de Norman Mailer qui montre l'horreur, la futilité et la vanité de la guerre, Raoul Walsh propose des portraits saisissants d'officiers avec Cummins le général autoritaire (Raymond Massey), Croft le sergent baroudeur (Aldo Ray) et Hearn le lieutenant play-boy (Cliff Robertson). Ils sont relayés par une escouade de personnages de second plan qui donnent au film toute sa vérité, et parmi lesquels on trouve Richard Jaeckel, William Campbell, James Best, Joey Bishop ou L.Q. Jones...
Walsh décrit avec le même brio l'avance d'une patrouille en territoire ennemi pendant la guerre du Pacifique, sur une petite île qu'il faut reprendre aux Japonais. En dépit du fait qu'il sacrifie aux conventions du genre, le film est beaucoup plus complexe qu'on pourrait le penser, car il ne se contente pas de présenter une galerie de personnages pittoresques, mais c'est une véritable méditation sur l'armée et les soldats en guerre. Tout en offrant une certaine dureté dans les scènes de combat, Walsh s'attache aux 3 officiers que j'ai cités plus haut, et à leurs comportements, car Cummins, Croft et Hearn illustrent 3 styles de militaires avec leurs contradictions, leurs folies et leur dramatique utilité, où le personnage le plus complexe et le plus ambigu est celui de Croft, incarné de façon remarquable par Aldo Ray. Une oeuvre puissante et inspirée qui n'a pas peur de donner de l'armée une image heurtée et parfois dérangeante.