Dire que les oiseaux est un chef d'oeuvre c'est enfoncer une porte ouverte.
Les oiseaux d'Hitchcock est un film à plusieurs étages. En effet se superpose comme des couches géologiques plusieurs thèmes apparents dont on arrive à comprendre le substrat après plusieurs visionnages (c'est mon cas). En effet le film commence un peu comme "psychose" c'est à dire avec une histoire qui emmène le spectateur les yeux bandés vers la rupture (dans psychose c'est le détournement d'argent, ici c'est une rencontre) . Mais en fait alors que Psychose est un film sur un déséquilibré, "Les oiseaux" est un film beaucoup plus profond car c'est un film sur la pulsion dévastatrice créatrice d'angoisse. Il ne faut pas s'y tromper : les attaques délicieuses et inquiétantes des oiseaux (ah ces fabuleuses mouettes machiavéliques et ces sinistres corbeaux en conciliabules !) ne viennent que de manière manifeste décrire les angoisses et désirs des humains comme pour nous abuser. Il faut bien écouter les dialogues (en V.O. bien sûr) pour saisir que ce ne sont pas les oiseaux qui sont la menace.... Il faut voir la manière dont les êtres humains miment les oiseaux (ou l'inverse) et suscitent leur apparition.
Cet incroyable film est à rapprocher du film de 1956 "planète interdite" car le thème principal est similaire et rattache "les oiseaux" à l'univers de la SF psychologique plus que de l'horreur.
Le visage incroyable et indiscernable de Tippi Hedren vient renforcer ce côté projection par contraste de la pulsion dévastatrice et destructive.
La fin est délicieusement visuellement apocalyptique.
EX TRA OR DI NAI RE !!