Le cinéma de Jacques Audiard est constellé de collaborations riches et fructueuses. Les Olympiades ne déroge pas à ce constat mais le cinéaste a opté pour un renouvellement majeur en choisissant Céline Sciamma au scénario et Rone à la bande originale. Le choix est payant car il permet à Jacques Audiard de sortir de sa zone de confort. En effet, le choix du noir et blanc pour filmer une histoire résolument contemporaine est un effet délibéré car il semble suggérer que l’œil mûr du réalisateur est en décalage avec la jeunesse qu’il scrute.Je pense aussi que ce qui a séduit Jacques Audiard dans ce film hybride est de se consacrer au cadre de son quartier pour dérouler une histoire ne parlant pas de sa génération mais dont les approches répondent à des préoccupations universelles. Des tas de questions fusent avec les personnages d’Emilie, de Nora et Camille. Peut-on vivre en supportant un boulot alimentaire? Aimer, c’est dissocier ou unir corps et esprit? Quelle est la place que je souhaite occuper au sein de ma famille? Entre aspirations et fracas contre le réel, les identités des Olympiades tâtonnent mais chacun à leur manière trouve des zones de compromis et d’évolutions motivées par la recherche d’un équilibre structurant. On aimerait voir dans les Olympiades un La Haine 2.0 car la mixité raciale est de mise avec les personnages principaux,la banlieue parisienne est à nouveau un écrin à définir et à ressentir. Or, contrairement à Mathieu Kassovitz, Jacques Audiard et son équipe se contentent d’un film plus existentiel que militant.S’embarquer avec Camille, Émilie et Nora, c’est être confronté de manière très cohérente à des destinées faisant écho à nos choix, nos sensibilités et nos réactions brutes ou amères face à un vingt et unième siècle brusque, violent ( cf la scène où Nora est prise pour une cam-girl et comment elle est traitée par les étudiants de droit de son année ou l’envie d’Emilie de se défouler via le sexe ou la drogue) et réagissant au moindre regard ou à la moindre parole.Les Olympiades, en plus de nous faire déambuler dans un quartier de Paris pas si visible au cinéma, nous permet plusieurs voyages intérieurs nous permettant de jauger l’âme humaine, contemporaine mais ne la condamnant jamais. C’est précisément cette délicatesse, de montrer que chaque homme ou femme trébuche avant de trouver un écho à ses postures, qui est à la fois touchante et remarquable.L’humain devant se comprendre pour avancer et décrocher ses propres étoiles. Allez voir les Olympiades car vous y trouverez un espace de réflexions, de respirations tout en gardant à l’esprit que notre monde est toujours aussi blanc que noir.