Les Ombres du cœur raconte la trajectoire d'un homme. Au début, il est confit dans ses certitudes. À la fin, il est rempli de doutes mais reconnaissant envers la vie de ce qu'elle lui a apporté. L'épisode qui bouleverse ainsi son existence dure un an ou deux et est analysé de façon très fouillée (dans la réalité, puisque C. S. Lewis a réellement existé, l'histoire dure une dizaine d'années).

Cette analyse est sans doute là le côté le plus intéressant du film. Elle ouvre la réflexion sur les ingrédients d'un destin: l'amour, la perte de l'amour, l'enrichissement, l'appauvrissement et vice-versa. Le premier deuil du personnage principal, la perte de sa mère à l'âge de neuf ans, l'a sans doute empêché de nouer une relation amoureuse pendant des décennies. Mais, arrivé dans la maturité de l'âge, la rencontre d'une femme qui ne correspond à aucune de ses conceptions de ce que peut ou doit être une femme lui permet de se libérer de son emprisonnement intérieur. Et de découvrir que le temps du deuil qu'il s'était imposé après la mort de sa mère est passé. Sa révolution, c'est qu'il va accepter de découvrir ce que peut apporter un nouvel amour.

En ai-je trop dit pour donner envie de voir le film? Voire. Et pourtant, Les Ombres du cœur est aussi un film qui m'a singulièrement laissé sur ma faim. L'histoire comporte une demi-douzaine de personnages. Or, à part Jack, le personnage principal, aucun n'est vraiment fouillé. Qui était vraiment ce frère Warnie, double de Jack mais un peu falot? Qui était Joy,, présentée comme juive, communiste et athée? On ne saura rien de son cheminement intérieur à elle, ni de celui de Douglas, son fils. Les autres (la gouvernante et le professeur Riley, notamment) sont pour ainsi dire confinés à des rôles de faire-valoir

Et puis, et puis... il y a tout au long du film ce sentiment de mayonnaise qui ne prend pas. Ni la superbe photographie, ni les répliques cinglantes d'humour ou d'intelligence, ni le jeu parfait de chaque acteur ne parviennent vraiment à faire décoller la chose. Comme si la grâce, ferment de tout chef-d'œuvre, n'avait pas touché ce film.
StanLefort
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le 13 juin 2011

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StanLefort

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