Palme d'Or, je pleure et Cherbourg m'accompagne ...
Deuxième film de Demy que je vois et deuxième claque !
Après Lola (brillantissime !), je retrouve Marc Michel accompagné, ici, de Deneuve (dans le rôle qui l'a révélée) & Castelnuovo (impressionnant, l'ancien du "Rocco et ses frères" de Visconti).
Amusé tout d'abord par les échos que j'avais du film, une comédie musicale (je ne suis pas du tout friand du genre) à... Cherbourg ??! Ville désertée aujourd'hui mais qui, à l'époque, restait un des plus grands ports de France.
Je fus, le film avançant, de plus en plus déconcerté sur mon impression première.
Ayant tout d'abord du mal à rentrer dans le cadre, je me suis obligé à prendre le film comme étant d'une simplicité naïve, ingénue et, de fait, d'autant plus percutante..
Riant au début, j'étais tout meurtri à la fin.
Demy met en scène, ici, de beaux personnages que l'on aime suivre malgré leurs écarts, tout cela dans un décor de couleurs, de la verve du milieu des années 50, la beauté et la grâce de Catherine.. Passé le premier aperçu et une fois entré dans le film, on se rend compte que derrière cette naïveté si propre au maître, les sentiments, les réalités de la vie qui nous assaillent chaque jour, sont là, présente. Le vernis du film ne sert qu'à le sublimer et à nous les amener directement au coeur. Il y a un côté Rohmer, en plus poétique.
Ce film pourrait être un des contes moraux, Demy insinue en nous le doute sur les choix passés, la mélancolie, l'avenir, la nostalgie qui glace et que la pluie qui s'abat sur Cherbourg vient mordre de plus belle...
Troublant hommage à ces villes-ports que Jacques affectionne, après Nantes, voici Cherbourg et son charme si particulier, un singulier moment de poésie, toute ingénue et si froide à la fois.