Claude Lelouch a la réputation de réussir un film sur deux.On peut donc en déduire que celui qui a précédé "Les parisiens" et celui qui l'a suivi doivent être excellents.Le chef Lelouch nous a mitonné là une mélasse bien gluante accompagnée de trois chansons ringardes,toujours les mêmes,qui nous sont serinées en permanence pendant tout le film et finissent par nous ressortir par les oreilles pire que le "Boléro" de Ravel dans "Les uns et les autres".Ce devait être le premier volet d'une trilogie modestement intitulée "Le genre humain" mais,échec public aidant,le projet s'arrêtera là.Du moins si l'on excepte "Le courage d'aimer",sorti l'année suivante et qui est aussi le titre d'une des fameuses chansons,qui n'est rien d'autre qu'un remontage des "Parisiens" agrémenté de scènes coupées de ce film,ce que d'aucuns ont assimilé à une escroquerie destinée à compenser les pertes de la première partie.Mais dans l'industrie du cinéma,on ne laisse jamais une idée se perdre et gageons que Lelouch,si sa longévité le lui permet,reviendra à la charge et tentera d'achever son triptyque.Dès le générique,au fronton duquel apparait une citation débile de Victor Hugo,on sent que ça va être du costaud.Même les grands auteurs ont écrit des conneries et Lelouch a su dénicher la perle rare dans l'oeuvre de l'écrivain,ce qui n'est pas étonnant dans la mesure où ces propos d'Hugo sont en adéquation avec les fumeuses théories métaphysiques du cinéaste.Car l'ami Claude,qui est un bon réalisateur de divertissement,a malheureusement une fâcheuse tendance à se prendre de temps à autre pour un penseur éclairé alors qu'il n'est pas vraiment équipé pour.Sur le fond,"Les parisiens" n'est qu'une leloucherie basique truffée des habituels gimmicks de l'auteur.Ca se passe à Paris,le titre n'est pas trompeur,et ça décrit les histoires d'amour compliquées de tout un tas de personnages aux destins plus ou moins croisés.Mais l'écriture n'est aucunement maîtrisée et ça tourne vite à la foire d'empoigne.Trop d'histoires,trop de personnages,ça déboule de tous les côtés pour n'arriver nulle part,des pistes scénaristiques et des protagonistes surgissent de partout et sont la plupart du temps laissés en plan et définitivement abandonnés.Il est certes probable que Lelouch ait eu l'intention de développer tout ça dans les films suivants mais en l'état c'est le chaos total.Quant aux problèmes de couples évoqués,ils reposent finalement sur une équation très simple:Machin aime Chose, qui lui aime Bidule,, qui lui préfère Trucmuche,etc.,etc..Tout le monde cherche l'amour,personne ne le trouve,tout le monde est malheureux.Lelouch a beau enrober ça de pseudo philosophie et de dialogues creux,on ne sort pas de la romance gnangnan à deux balles.De plus,le film a un côté déplaisant,genre "regarde les riches".La majorité des personnages évoluent dans des milieux très aisés,principalement ceux du showbiz.Et ceux qui n'en font pas partie n'ont rien d'ordinaire.Il y a un SDF qui n'est autre que Dieu en personne,en virée sur la Terre,n'ayons pas peur du ridicule.Et le couple de losers qui sert de fil rouge au film,un chanteur des rues et une voleuse à l'étalage,ne va pas tarder à changer de catégorie et à devenir riche et célèbre.On sent le réalisateur,et ça ne date pas d'hier,très attiré par le luxe et les paillettes et bien décidé à entraîner dans son trip les crétins de prolos prêts à rêver devant ce spectacle.En même temps,on ne peut lui reprocher de décrire un monde qu'il ne connait pas puisque c'est le sien.Et puis l'effet est légèrement contrebalancé par une ironie sous-jacente,avec ce gang,encore un élément mystérieusement évacué,qui se plait à détrousser les gens fortunés.Pour finir,Lelouch saborde un navire déjà bien immergé en jouant la carte de la mise en abîme,l'expression convenant parfaitement.Donc,tout ce qu'on avait vu auparavant n'était que le tournage de l'adaptation d'un livre autobiographique d'un des personnages et le Maître apparait,se filmant en train de filmer son film,si bien qu'on ne sait plus trop à quel niveau de réalité on doit apprécier le bigntz.Vous suivez,là?Non,hein?Et c'est le problème,cet ajout de confusion à un ensemble qui n'en avait vraiment pas besoin.Sinon,Lelouch met des morceaux de réalité dans son pudding indigeste.Il se met donc en scène aux côtés de sa femme,l'actrice Alessandra Martines,qui est réellement son épouse dans la vraie vie quotidienne de tous les jours.Ou du moins qui l'était en 2004,parce que le showbiz,vous savez comment le changement c'est toujours maintenant chez eux,n'est-ce pas?Il y a aussi Charles Gérard,l'acteur fétiche du réalisateur,qui est d'ailleurs le seul à l'employer,qui vient le temps d'une scène montrer sa tronche ravagée et qui joue le rôle de...Charles Gérard!Et puis il y a ce moment où la chanteuse interprétée par Maïwenn raconte qu'elle est la fille d'une kabyle et d'un breton,ce qui est la filiation exacte de l'actrice.A propos des acteurs,ce qui est sympa est d'apercevoir,parmi une prolifique distribution,beaucoup d'anciennes gloires qu'on ne voit désormais plus guère qu'à la télé ou au théâtre.Citons,entre autres,Pierre Santini,Xavier Deluc,Francis Perrin,Michel Leeb,Richard Gotainer,Cristiana Reali,Evelyne Buyle,Alexandra Kazan,Mireille Perrier,Cyrielle Clair.Sans oublier le péché mignon de Lelouch,qui consiste à utiliser des non-acteurs connus dans d'autres domaines.Ici,ce sont le journaliste Robert Namias,l'animateur télé Olivier Minne et le jazzman Didier Lockwood qui passent devant la caméra.Le couple vedette est composé de Massimo Ranieri,acteur-chanteur italien en vogue dans les années 70 et qu'on a ressorti de la naphtaline pour l'occasion,et de Maïwenn,actrice lumineuse mais qui se révèle une déplorable chanteuse.