Dommage le film a de quoi intéresser. Notamment par ce qu'il tente de saisir de son époque via ses personnages féminins, son contexte politique et la cinéphilie de son auteur. Il y a un peu de tout ça mais malheureusement enfermé dans une bulle nostalgique ou tous les éléments concrets sont trop éludés pour que j'arrive à me raccrocher à quelque chose. Le film s'enferme dans sa vision de la cellule familiale et fait tout pour ne pas déployer ce qui en sort. Le personnage de Tallulah n'est par exemple jamais vraiment déployé en dehors de cette famille, sa vie qu'on devine complexe reste toujours vaporeusement en hors champ, la séquence de l'interview avec Vanda n'est pas utilisée pour lui donner plus d'ampleur, seulement pour dresser un portrait allusif etc. On remarquera aussi que les moment de crise ou de séparation au sein de la famille sont ellipsés au profit des moment d'entraide et de retrouvailles. On fini vraiment par avoir la sensation que tout un tas de choses sont mises sous le tapis par cette réel volonté d'éluder le réel, de laisser hors champ de façon trop fantomatique tout ce qui est un peu âpre, complexe ou dramatique. Certe cela permet cette forme doucereuse et onirique qui j'imagine donne toute sa saveur à la réminiscence proustienne pour qui partage la même tendresse pour cette époque, pour les mélancoliques du jeu de Pascale Ogier et du cinéma de Rohmer et Rivette. Cependant à force de gommer toute aspérité et de flouter les bords, difficile pour le reste des spectateurs de trouver à quoi se raccrocher. Surtout que ca reste une histoire assez banale et très convenue de reconstruction et d'oiseau tombé du nid. C'est dommage, il y a quand même quelque chose de touchant dans ce cinéma assez tendre et délicat, on ressent qu'il y a un auteur derrière mais ça manque bien trop de consistance pour accrocher.