Critique éditée le: 12 février 2023
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C'est la liesse chez de nombreux français en 1981, François Mitterrand gagne les élections présidentielles. Beaucoup font la fête car la liberté, l'émancipation vont enfin être au rendez-vous. Néanmoins pour Elisabeth, la quarantaine, maman de deux enfants, Judith et Mathias, ces événements n'ont que peu d'emprise sur elle compte tenu de bouleversements personnels. Un cancer du sein lui a occasionné beaucoup de soucis et pour couronner le tout son mari a décidé de divorcer. Dans son appartement du quartier "Beaugrenelle" à Paris sa situation morale et financière est devenue très précaire et prioritaire avec ses deux enfants à charge. Il convient donc pour elle de trouver au plus vite un emploi, elle qui n'a jamais travaillé. C'est alors qu'elle va poser sa candidature auprès de Vanda Dorval, présentatrice dans une émission radiophonique nocturne qui prodigue des conseils aux auditeurs faisant part de leurs problèmes intimes.
Le petit cercle va soudainement "s'agiter" avec l'arrivée inattendue de Talulah, une jeune fille paumée, vivant dans la rue et n'ayant comme support les "paradis artificiels" qui se chargent de l'enterrer un peu plus en la plongeant dans des crises abrégeant ses facultés et très certainement sa vie pourrie. Elle va trouver refuge chez Elisabeth, "ange gardien" mais rien n'est gagné pour redonner un sens à la vie de cette femme poursuivie par les malheurs et à cette jeune fille marginale et fragile.
Les graves embûches de la vie, les moments de désespoirs n'empêchent pas Elisabeth de tenter de s'accrocher à la moindre branche. Cette mère au récent passé torturé tente malgré tout de remplir son rôle de mère célibataire auprès de ses deux enfants, avec d'un côté Judith, une jeune fille qui approche de sa majorité, battante, militante et qui analyse son avenir à travers l'immense espoir qu'elle entrevoit à la suite des élections et de l'autre Mathias du haut de ses quinze ans encore dans l'adolescence et apparemment insouciant, se cherchant encore une véritable personnalité.
Elisabeth passe une partie de ses nuits à écouter les confessions d'auditeurs, des insomniaques désespérés et empêtrés dans des problèmes qui sans forcément la rassurer lui apportent la preuve qu'elle n'est pas la seule à souffrir de mille maux. Cette émission est un peu son refuge en l'absence des bras qui devraient l'entourer de bonheur. Pour Elisabeth dialoguer avec les auditeurs c'est gagner sa vie pour nourrir sa petite famille et tenter de se "frotter" aux problèmes moraux des autres, arguments susceptibles de calmer les pénibles moments où elle se cache pour essayer de ne pas montrer ses larmes de découragement à ses enfants.
Toutefois un sacré bouleversement va se produire lorsque Talulah, cette toute jeune fille perdue et instable survient. Elle porte sur ses frêles épaules une vie maudite dans les rues du quartier, lieu de tous les dangers. Pour Elisabeth c'est un devoir de lui faire une petite place dans son cocon familial afin de lui donner la possibilité de dormir au chaud dans un lit, de parler, de se confier et d'arriver à normaliser quelque peu son comportement et combattre ses addictions. Mathias en tombe amoureux mais cela suffira-t-il à Talulah pour se reconstruire, croire à la vie? Pourquoi pas, on sait qu'une petite escarbille d'un coup de vent peut cependant avoir un effet dévastateur...
Mikhaël Hers offre un très joli film en se basant sur une période d'espoir pour l'avenir, une période censée offrir un lot de réformes transformant la société en lui offrant plus de droits, de libertés, moins de tabous, de meilleurs salaires et les 35 heures. Alors bien entendu la joie éclate, la victoire se fête.
Néanmoins, en grattant un peu on trouve une catégorie de personnes rongées par leur malheur. Charlotte Gainsbourg qui interprète le personnage d'Elisabeth est absolument formidable de vérité en se montrant tendre, pleine de bonté et essayant de cacher son désespoir. Elle soulève l'émotion, on participe vraiment à sa traversée du tunnel et nous gratifie à mon avis d'un de ses meilleurs rôles.
Noée Abita dans le rôle de Talulah la petite punk paumée, instable mais pourtant adorable est touchante. Elle nous offre une très belle prestation dans un rôle assez ingrat. C'est vraiment la révélation du film et je lui souhaite de tout cœur une très belle carrière.
Les autres actrices et acteurs sont également très crédibles et participent grandement à la crédibilité de cette œuvre. J'en nomme certains: Megan Northam (Judith), Quito Rayon Richter (Mathias) et Emmanuelle Béart (Vanda Dorval).
Ne manquez pas ce très beau film réalisé avec beaucoup de doigté par Mikhaël Hers. Il nous captivetout au long de cette histoire en faisant bien ressentir les émotions sans jamais en abuser.
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Box-office France: 200.776 entrées.
Ma note: 8/10