Les petites Cardinal sont deux petits rats de l'opéra, prêtes à se marier, l'une, romantique, par amour pour un modeste ébéniste, l'autre, ambitieuse, jetant son dévolu sur un vieil aristocrate.
Leur histoire se déroule au moment de la Commune et, possiblement, l'auteur -Ludovic Halévy- voit dans les deux jeunes filles le choix symbolique vers la République nouvelle ou vers l'ancien régime monarchique. C'est le sentiment qui nous vient au dénouement. Peu importe en fait. Le film se regarde comme un vaudeville plaisant aux dialogues parfois caustiques, une comédie où dominent la personnalité du père Cardinal, concierge farouchement communard au début du film, et celle de l'acteur Saturnin Fabre qui, par sa haute stature et sa composition de cabot shakespearien, fait un sacré numéro.
L'adaptation de Gilles Grangier repose essentiellement sur ce personnage de fanfaron et de girouette, comme père et comme "militant politique", et sur l'interprétation baroque de Fabre. Ce dernier incarne dans la bonne humeur le sacrifice des idéaux au pragmatisme et à l'arrivisme.
Je n'oublierai pas de citer le rôle important de l'indispensable Jean Tissier en marquis italien avec l'accent ni le sourire charmant de la très méconnue Véra Norman.