Le film se déroule dans l’école primaire de garçons de la Sainte-Croix (« Holy Cross Boys primary school ») à Belfast, dans le quartier d’Ardoyne qui comprend 95 % de Catholiques et 5 % de Protestants. L’école est enclavée dans un quartier protestant, lui-même séparé du quartier catholique par des murs et où des Unionistes ont empêché, en 2001, les enfants de se rendre à l’école, entrainant de violents incidents tels que des tirs de la police et l’incendie de maisons. Une alerte se déclenche même pendant le tournage en raison de la découverte d’un engin explosif à proximité de l’école. Le film est d’abord le portrait de son directeur, Kevin McArevey, très poli, sportif, fan d’Elvis Presley (son bureau est plein de photos du chanteur et ses sonneries téléphoniques reprennent ses chansons), père d’une fille asthmatique et qui tente de désamorcer les conflits entre enfants, de faire passer leur colère, de contrôler leurs émotions et de gérer leur stress (en s’imaginant dans leur lieu préféré), grâce à la philosophie (d’où le titre en référence à Platon). Plein de bonne volonté, le directeur s’implique au quotidien dans son travail, tout comme ses collègues, très proches des enfants, constamment à leur écoute (rassurant l’un, en cas de cauchemars nocturnes ou l’autre, diabétique, n’ayant pas d’amis et ne voyant son père que 2 fois par mois) et les laissant s’exprimer. Les réalisateurs, en totale immersion, se contentent, néanmoins, de montrer les choses (absence de voix off), sans conclure : l’école a-t-elle obligation de moyens ou de résultats ? Une telle approche est-elle efficace à court terme ? Apparemment non puisque 2 élèves, Alfi et Tony, cousins de surcroît, à qui le directeur avait appris à ne pas se battre, récidivent dans la cour de récréation. Leur maturité semble éphémère. L’influence (néfaste car encourageant la violence) de certains parents est à prendre en compte ; d’où l’intérêt de pratiquer cette approche d’écoute et de conseils philosophiques constamment et sur le long terme.