Jouer au foot, c’est chouette.


Se prendre pour Zidane, Suker et Ronaldo, mettre son tricot sur son visage quand on marque, traverser la route au péril de sa vie pour aller chercher la balle que le bourrin de l’équipe a expédiée à Pétaouchnok, ça doit faire partie des meilleurs souvenirs de l'enfant moyen!


Bon, évidemment, quand on n’est pas très bon et qu’on nous met dans les caisses, c’est moins drôle, mais ça ne m’empêchait pas de m’amuser à la récré.
Même qu’une fois, j’ai marqué. C’était totalement en loucedé, le gardien ne regardait même pas. Mais je m’en fous, j’ai marqué !
Je m’en souviendrai toute ma vie, parce que c’est la première et dernière fois que ça m’est arrivé.
Ben oui, une fois au collège, j’ai été confronté aux méthodes pédagogiques révolutionnaires des profs de gym. Laisser les meilleurs composer eux-mêmes les équipes, quelle bonne idée !


Pour la faire courte, si vous aussi, vous étiez nul, si vous ne deviez votre place d’avant dernier qu’à la fille qui avait peur du ballon, et si cette humiliation permanente vous a dégouté au point d’arrêter de jouer et de vous réfugier derrière le mépris d'un sport pourtant sympathique, ce film est fait pour vous.


Ancienne gloire du football américain, Kevin O’shea fait la fierté de la petite ville d’Urbania qui l’a vu naître. Reconverti en vendeur de voitures, il continue à entraîner les équipes de jeunes. A l’approche du championnat des minimes, il procède à une sélection drastique et brise le cœur de tous les mauvais en les laissant sur la touche. Danny (Rick Moranis), frère du héros local et lui-même ex-nullard, décide de monter sa propre équipe pour, sinon gagner contre son frangin, au moins laisser aux empotés une chance de jouer.


Bon, on est d’accord, c’est un film pour les gosses sur le football amerloque (mais le propos pourrait s'appliquer à tout autre sport populaire). Il prêche la tolérance, le fairplay et l’esprit d’équipe. C’est vraiment très convenu. D'autre part, j’avais la cassette quand j’étais petit et j’ai du la regarder des dizaines de fois. Il y a donc de grandes chances pour que mon affection pour ce film soit essentiellement liée à la nostalgie. Mais quelque chose au fond de moi me dit qu’il n’est pas totalement pourri.


Déjà, le message, s’il est simple, n’est absolument pas bête, et m’a permis de mettre des mots derrière ce sentiment d’amour/haine vis-à-vis du football, et derrière mon allergie généralisée pour toute pratique compétitive (même au bowling, j'ai du mal). Où comment l’humiliation dégoute les nuls du plaisir de jouer. Si on n’est pas tous doués, taper dans une baballe est suffisamment cool pour que tout le monde ait le droit de le faire.


Ensuite, les gamins. Bien qu’ils soient tous archétypaux et que certains soient réduits à une seule caractéristique, la plupart des stéréotypes sont réjouissants et fonctionnent très bien. J’ai une tendresse particulière pour le personnage du gros qui bouffe des chips, ses pets et ses répliques bien senties. Mais y’a aussi le gosse qui n’est pas foutu d’attraper un ballon mais qui y arrive avec des rouleaux de PQ, et l’intello qui met au point des stratégies complexes, dont la célébrissime annexion de Porto Rico.
L’ambiance de petit village où tout le monde se connaît est également sympa : la station service, Rick Moranis et sa fille qui conduisent un kart, le café du coin avec les vieux piliers de comptoir qui trouvent dans la rivalité entre les deux frères une distraction bienvenue.


Dommage que tous ces efforts soient gâchés par des passages clichés inutiles comme les émois amoureux des adolescents, et surtout par la fin, qui va à l’encontre du message du film. Je veux bien que ce soit réconfortant pour un gamin pas dégourdi de voir des gens comme lui gagner contre des cadors, mais si y’a bien un film ou il ne fallait pas que ça arrive, c’est celui-ci.


Soyez nuls, perdez, mais continuez à jouer. C'est ça qu'il fallait leur dire aux gosses!


Il n’empêche que j'ai revu Les Petites Géants avec grand plaisir (en VF s’il vous plait, j’ai chopé une VHSrip de derrière les fagots), et que je lui dois mes quelques rudiments en football américain.

LâneFourbu
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le 26 sept. 2014

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