Mais... j'n'ai pas pleuré moi !
Pour les petits mouchoirs il y a en gros deux solutions. Soit vous l'avez vu parmi la première vague de cinéphiles (pendant les 3 semaines après la sortie), soit après.
Dans le premier cas de figure, vous avez été emporté(e) par le fleuve d'émotions que le scénario fait déboucher dans un océan de larmes ; vous ne pouvez vraisemblablement pas vous empêcher de raconter à vos amis dans un bistro "Oh dis donc, j'étais gêné avec ma tante au cinéma pendant le générique de fin, j'ai dû faire semblant que j'avais une poussière dans l'oeil !".
Sinon vous êtes les autres. Les laxistes du cinoches : "Et vous, vous avez vu les petits mouchoirs ? On comptait y aller.". Et comme toujours, vous vous faites avoir pendant le film, en constatant avec un arrière-gout amer qu'effectivement, le film veut vous faire chialer comme la majorité de vos connaissances vous en avait averti. Vous les haïrez jusqu'à la tombe pour avoir brisé le symbolique sceau de la divinité maléfique du SPOIL. Pourtant c'est trop tard car le plaisir de la surprise du film est gâché.
Ça m'avait fait pareil avec Le Tombeau Des Lucioles. Un pote m'avait dit: "Ah c'est sûr ! tu vas chialer." Résultat, par esprit de contradiction j'ai trouvé le DA certes émouvant mais surtout très mièvre. Je ne pousserai pas le vice jusqu'à remettre en question le concept de Bande-Annonce mais aujourd'hui personnellement je me porte très bien à ignorer tout d'un film avant de l'apprécier pour lui-même et non pour ce qu'un tiers aura voulu m'en faire partager à l'avance.
Mais je m'égare.
Les petits mouchoirs est rythmé, drôle et émouvant. J'ai trouvé les personnages attachants et me suis surpris à établir des parallèles avec ma propre vie (tonton André s'est cassé le bras en scooter, un vrai drame). La répartition des archétypes comportementaux de la vie en communauté est subtilement divulguée : on retrouve la fille bohème à plans Q, le loser, le bi, le rigolo, le lourd caractériel, la femme timide, le chanteur humble... Et puis tous se retrouvent dans leurs craintes communes ou non, se vannent, se déchirent et voila, c'est l'histoire de la vie. On en prend une bonne tranche dans la poire et à la fin du film on reprendra la notre, de vie. C'est pour ça précisément que ce genre de film fonctionne. C'est nous.
Le tout est tout de même bien mené (on ne voit presque pas les 2h34 passer) mais les dix dernières minutes m'ont laissé à mi-chemin entre la compassion et la nausée. Ça chouine un peu trop pour qu'on puisse vraiment y adhérer. En fait, il doit exister un seuil d'émotivité pour chaque spectateur, et là le mien a été atteint : je n'étais plus trop dedans. Par contre, je m'interrogeais sur la performance de Marion Cotillard durant cette fameuse scène finale : "OMG comment elle fait pour avoir le nez qui coule un litre de morve devant autant de monde sans se marrer ?".
Mais il y a aussi cette déception vers la fin du film, d'observer le vieux marin entamer un tour de table des leçons de vie pour chacun mais ne s'arrêtant en fait qu'à deux personnages (j'ai partagé ce point de vue avec ma partenaire de cinoche !).
Conclusion : à voir, plutôt drôle mais attention c'est un peu "De l'émotion en veux-tu en voilà". A la limite de l'indécence vers la fin.
Le titre du film est certainement un clin d'oeil à l'employé UGC qui nettoie la salle après la séance.