Pourquoi je n'ai pas pleuré, tu peux garder tes mouchoirs
Ca commence comme un spot de la prévention routière. Dujardin, non seulement il est bourré, en plus il en connaît autant sur les rails que la SNCF. Le mec, il est tellement énorme, bigger than life, qu'il roule une pelle à la meuf de son pote. Mais c'est pas grave, t'as vu, parce que quand on est potes on se pardonne les conneries qu'on fait bourré. Donc, c'est un film sur l'amitié hein, j'espère que t'as pas loupé le message. Mais quand même, Dujardin, ça le gonfle un peu cette soirée, alors il se barre sans prévenir personne. L'amitié c'est aussi ça t'as vu, y'a des moments où t'es tout seul, comme ce matin-là, sur son scooter. Et là, paf, le drame, le camion en pleine poire. Note aux plus jeunes, l'alcool et la coke, c'est mal. Hop, message, portée éducative, tout ça. S'ensuivent 2h15 de tragi-comique, où il y a quand même quelques trucs qui fonctionnent côté comique, et tout le reste qui coule à pic. D'abord, pourquoi Marion Cottilard ? Mais depuis quand c'est une actrice ? Là, elle passe les trois quarts du film à fumer des joints et à se la jouer super copine de toute la bande, que personne a jamais choppé, parce qu'elle mélange pas le cul et l'amitié, ça va pas ensemble. Par contre, elle a trop un super boulot, genre intermittent du spectacle, mais trop cool, qui passe trois mois en Amazonie à enregistrer le son des grenouilles qui pleurent et qui chantent avec les villageois. Et hop, une CSP de plus dans ce grand panel sociologique des trentenaires français qu'est le film. L'artiste bobo électron libre, la femme libérée, ça c'est fait. Incontournable aussi, le personnage de François Cluzet. Lui, c'est le mec qui a réussi, aussi blindé de pognon que d'emmerdes et de stress. Tous les ans, il régale tous ses potes, et bon, ça le lourde un peu parfois, mais pour les amis tu comprends, ça n'a pas de prix. Mais quand même, il stresse le Cluzet. Surtout que Magimel, qui pour une fois joue pas mal, a un rôle complètement ambigu. En fait, il serait amoureux de Cluzet. Mais il est pas PD hein, oh la la, t'es fou, c'est genre une amitié super virile, en fait, il veut pas coucher avec Cluzet ni rien. Non juste, il l'aime, point. Et bien alors ? Il est où le problème, je croyais que c'était un film sur les super potes et tout ça ? Cluzet, il passe tout le reste du film à faire comme si Magimel lui avait proposé un double fist. Du coup, ça enchaîne sur des gags bien gras. Oh la la, Cluzet a perdu son caleçon, et en plus il est coincé sur un bateau avec son pote pas homo, mais quand même, méfions-nous on ne sait jamais. Tout le reste du casting, et du film d'ailleurs, oscille ainsi entre le gros cliché (je passe sur le queutard qui nique tout ce qui bouge mais qui perd la femme de sa vie parce qu'il est trop con cet obsédé, sur le loser un peu benêt qui vit mal sa rupture et qui s'accroche à des SMS cryptiques comme à une bouée) et l'inutile. Mais bon, vla le profilage marketing, 70% des trentenaires se sont un peu reconnu dans l'un ou l'autre des persos. Reste quelques scènes marrantes, beaucoup de moments insupportables où Guillaume Canet te crie d'être spontané, tu vois c'est le moment émotion là, j'ai mis un chouette morceau de musique, faut pleurer. Parce que l'amitié c'est comme ça, des fois tu pleures, des fois tu ris, c'est un peu comme chez Candy. Au final, ce sont quand même 2h30 qui sont vite passées, il faut dire, j'étais dans l'avion : ça a bien aidé, au cinéma ou sur mon canapé, j'aurais pas supporté. Avec un tel propos, autant d'ambition, n'être qu'un bon fil d'avion, c'est un peu con.