Avant de se jeter dans les flammes, un vieil homme donne à deux pompiers venus le sauver dans un incendie une carte au trésor, où se trouverait une grosse fortune à la suite d'un vol effectué cinquante ans plus tard. Sauf que l'endroit en question, un immeuble désaffecté, comprend aussi un gang dont les deux hommes vont être témoins d'un meurtre.
Les pilleurs est un film qui n'a pas eu de chance, alors que c'est pourtant très bon. Il s'agit d'un scénario écrit dans les années 1970 par Robert Zemeckis et Bob Gale que le producteur Neil Canton a retrouvé, et qu'il propose à Walter Hill. Celui-ci accepte de le réaliser, en modifiant très peu le script, avec un budget minime mais un casting solide, et le film sera torpillé à sa sortie car le nom original, Looters, revient aux pillages qui émaillaient Los Angeles à ce moment-là à la suite de la mort de Rodney King. Du coup, il sera décalé de quelques mois, avec un nouveau titre, Trespass, mais le mal est fait ; ça sera un échec en salles, rattrapé depuis par sa bonne réputation et au fait que Ice-T et Ice Cube jouent les méchants.
Si on excepte quelques scènes en extérieurs, surtout au début, et l'absence totale de femmes, Les pilleurs est un huit-clos très malin, où le personnage le plus intéressant n'est pas celui qu'on croit. C'est aussi la rencontre entre deux excellents acteurs, Bill Paxton et William Sadler, aux convictions opposées dans la quête de ce trésor, mais aussi et surtout Art Evans, qui incarne un sans-domicile fixe qui est en gros entre ces pompiers et le gang, qui va être en quelque sorte la voix de la raison malgré qu'au départ on le prenne pour un fou. Il y a des cascades assez spectaculaires, et un suspens qui nous prend à la gorge jusqu'à la dernière seconde, le tout dans cet immeuble qui semble prêt à s'effondrer à tout moment. En tout cas, le film est clairement à la hauteur de sa réputation, et Walter Hill réalise quelque chose de burné, entouré de tout un tas d'acteurs de talent.