Premier film de Jean Girault qui semble déjà avoir assimilé la recette qui fera son succès: au lieu de se soumettre au producteur comme la plupart de ses pairs il se soumet à ses acteurs, en l'occurrence les fantaisistes Francis Blanche et Darry Cowl dont le duo fonctionne extraordinairement bien.
Girault laisse libre cour à leur fantaisie. Il leur laisse la bride au coup, sa mise en scène est à leur service. Il n'hésite pas à faire plusieurs prises pour garantir leur efficacité comique. Cette singulière honnêteté de s'effacer derrière les acteurs ne donne évidemment pas des chefs d'œuvres (la mise en scène est très impersonnelle). Mais cela donne des films plus drôle, plus inventifs et plus honnêtes envers le public que ceux de Raoul André, Jean Bastia ou Francis Rigaud (ce dernier n'étant ici qu'au scénario). Car ces "cinéastes" pressent les acteurs, ne font qu'une prise sans soucis de qualité, bien qu'ils aient à leur disposition de grandes natures comiques. Chez Girault ils peuvent donner libre court à leur folie, à leur poésie, à leur invention.
Néanmoins ici tous le monde semble être en petite forme. La magnifique Béatrice Altariba n'arrive pas à illuminer ses scènes. L'histoire de Girault, Rigaud et Vilfrid est amusante, les dialogues du dernier sont sur-mesure pour le bégaiement de Darry, mais les gags sont vite répétitifs. Par exemple, à trois ou quatre reprise on nous ressert le gag de la bourgeoise qui revient à Francis Blanche dès qu'il a de l'argent et qui le jette dès qu'il est tondu.
Le duo vedette est excellent mais ne parvient que trop peu à dynamiser une intrigue qui devient vite redondante.
Je retiens tout de même le gag de la grue (bien que sa reprise à la fin soit assez feignante) et la poursuite où Darry Cowl conduit un bus plein de touristes.
Ca peut se regarder si on goûte à cette tradition de la gauloiserie mais ça ne laissera pas de souvenirs impérissables