Quand un film donne dans l’invraisemblable, c’est souvent un symptôme. Là, on ne les compte plus, les invraisemblances, elles débordent du scénario, tel le ruisseau que la crue emporte, pour inonder jusqu’à chaque scène et livrer avec une constance presque naturelle cette dissonance par quoi se signale à notre sensibilité délicate l’inimitable goût du laid.
C’est par elles que notre ami Clint se découvre tel qu’en lui-même, comme un homme à qui s’impose l’évidence d’une conviction. Et si cette conviction suffit à balayer d’un revers de main les scrupules de la crédibilité, c’est qu’elle doit être forte, très forte. Cette histoire dont l’argument tire naturellement vers Hitchcock lui donne l’occasion de le prouver, en livrant au passage une vision du politique ramené finalement à des histoires de famille.
Tout cela se noue dans un duel où s’affrontent à distance les deux destins de l’individualisme. D’un côté le président félon, figure d’un devenir funeste de l’individu lorsque ne le retiennent plus les valeurs définitives de la famille. De l’autre le gentil dont la trajectoire exactement inverse représente le bien : père indigne ayant fui ses responsabilités, il revient vers sa fille, gagné, l’âge aidant, par une conscience aiguë de la faute. Comme les histoires de famille se règlent à l’abri des regards, le président sera puni sous la forme d’une justice libérale (au sens économique) par un homme qui représente le père symbolique trahi. Quant à Clint, il ne rechignera pas non plus à exécuter sa petite justice personnelle : après tout, ils s’en sont pris à sa fille !
On se dit après ça qu’il y a vraiment des réalisateurs de droite, on s’en doutait un peu mais Clint quand même, Libération, La Cinémathèque, ils adorent ! Et si on peut penser que ça ne constitue pas une excuse, et bien apparemment c’est tout le contraire.