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Les Plus Belles Années de notre vie (à ne surtout pas confondre avec la variante romantico-dramatique signée Sydney Pollack...) me rappelle bien malgré moi que je ne suis pas fondamentalement...
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Nombreux furent les cinéastes américains, au moins par naturalisation, à participer à la Seconde Guerre mondiale autrement que par les armes. Certains craignant d’être envahis par un sentiment de culpabilité s’ils restaient au pays, d’autres pour être au plus proche des hommes qui écrivaient l’Histoire et, si possible, la capturer. En définitive, qu’elles qu’eussent été les raisons de leur engagement, ils le firent tous avec abnégation. Ce n’est toutefois pas du cœur du conflit - cela aurait été sans nul doute plus dramatique, saisissant - dont décide de se préoccuper William Wyler dans son long-métrage The Best Years of Our Lives, mais de la renaissance qui lui succède. Sereine, voire joyeuse - je pense à cette scène du cockpit où les trois protagonistes, en survolant une Amérique qui semble en parfaite harmonie, expriment leur impatience de renouer avec le cours de la vie -, elle ne l’est qu’au premier abord, se montrant peu reconnaissante avec ceux qui venaient de se battre pour la liberté, préambule du traitement réservé aux combattants des guerres de Corée et du Vietnam.
Un tel conflit, plus encore pour ses acteurs, n’offre pas une perspective de tranquillité. Wyler en est trop conscient, ayant été le témoin oculaire des traumatismes qu’il faisait naître dans les esprits désarmés par tant d’horreurs. Fred Derry (qu’incarne Dana Andrews en faisant montre d’une très grande maturité), capitaine d’aviation à l’allure svelte, évoquera avec une lucidité vertigineuse, sans s’y attarder, son anxiété à l’idée de se réinsérer dans la société civile. Lui et ses deux autres compagnons d’infortune sont cependant trop optimistes pour se laisser gagner, de sitôt, par le désespoir.
Mais comment accueillir l’être aimé parti au front et dont la douloureuse absence a fini par devenir une affaire quotidienne, s’atténuant avec le temps ? On ne peut contester la vive joie que manifestent les familles, enfants, et fiancées (dont on se demande parfois comment elles se sont occupées), elle est néanmoins ternie par la méfiance instinctive avec laquelle ils considèrent les trois miraculés, comme si leur soudain retour allait mettre en désordre leurs habitudes. Il est difficile de les comprendre, de raisonner ce qu’ils viennent tout juste de vivre. Pourquoi ne se comportent-ils pas logiquement ? Les trois concernés aimeraient aussi oublier, reprendre ce qu’ils avaient laissé derrière eux comme si de rien n’était, refusant pour l’un de se faire aider alors que son infirmité ne peut être occultée.
Il n’est ni personnage central ou secondaire dans cette chronique, seulement une poignée d’individus unis par la même nécessité de reconstruction.
William Wyler, sans avoir l’identité stylistique que l’on connaît à Orson Welles ou Max Ophüls, se démarque pourtant par sa retranscription à l’écran juste et objective des sentiments, et fait de son film le pendant hollywoodien du néoréalisme (malgré tous les moments de bonheur qui le ponctuent).
Créée
le 10 août 2022
Critique lue 29 fois
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