Les Poings dans les poches par Tchitchoball
Le premier film de Bellochio nous compte l'histoire d'une famille italienne vivant isolée et dont chacun des membres possède une tare incurable (épilepsie, autisme, aveuglement...) sauf l'aîné. Celui-ci s'occupe de tous mais il aimerait vivre en ville avec sa femme. Rapidement, Alessandro, le benjamin, projette de sombres desseins.
Le premier élément marquant de ce film est sa noirceur. Dès les premières minutes on est enfermé avec cette famille étrange. Un climat inspirant cédant place à la claustrophobie s'installe, et le malaise nous gagne. La BO formidable de Morriconne (une fois de plus) participe grandement à ce ressentie avec son carillon funèbre.
Une autre force du film est la performance de Lou Casstel qui signe ici sa première apparition à l'écran. Les 30 premières minutes fixent donc les choses (relations incestueuses, disputes, violence,...). A noter aussi que la figure du paternel est absente au sein de cette famille à la dérive.
Ensuite, Alessandro passe à l'action et semble vouloir éliminer tous les membres de la famille pour alléger les nombreux coûts d'Augusto et lui permettre de vivre avec sa femme. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu, et sans spoilers, le film gagne en cynisme et en cruauté durant l'entièreté de l'oeuvre.
Globalement, j'ai beaucoup aimé. Contrairement à Il Posto, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. Bellochio signe une oeuvre d'une puissance remarquable De plus, à la manière de l'épileptique et envahissant Alessandro, je suis tombé amoureux de Giulia. Personnage complexe et dont les relations avec les autres membres de la famille évoluent nettement. La complicité naissante avec Alessandro est d'ailleurs le premier facteur donnant de l'assurance à celui-ci pour affronter son aîné respecté jusque là.
En fait, je ne trouve pas vraiment de défaut à ce film sans pour autant le qualifier de chef d'oeuvre. Peut-être étoffer un peu mieux la critique du régime italien que l'on ne perçoit que trop peu.