Film intéressant, oppressant, agaçant, et qui met mal à l'aise, sans qu'on sache vraiment pourquoi.
Il nous transporte dans un pays complètement perdu : l'Ossétie du Nord, une petite république russe du Caucase.
On est dans une famille probablement de musulmans non-pratiquants (si ça existe, car j'avoue mon ignorance à ce niveau-là). Une famille démusulmanisée ? Mi-orthodoxe, mi-musulmane ? En tout cas, certains prénoms sont, me semble-t-il, plutôt musulmans.
L'atmosphère ou climat du film est assez mutique, plein de non-dits, d'où l'agacement, l'espèce de gêne que j'ai ressentis.
Ada est une jeune fille qui, blessée quand elle était plus jeune lors d'un attentat contre son école, a du coup des problèmes abdomino-pelviens. Elle souhaite être hospitalisée pour qu'on la "répare" et qu'elle puisse se marier, vivre normalement sa vie de jeune femme. Pour l'instant, elle est plus ou moins prisonnière de son père qui, veuf, la garde jalousement auprès de lui, comme une sorte de remplaçante de la femme qu'il a perdue.
Ada a aussi deux frères dont elle est très proche. Et comme elle n'est pas vilaine, un garçon du coin s'intéresse à elle. Elle veut échapper à son père, quitter la maison, mais il tient cachée sa carte d'identité. Voilà un peu le pitch de ce film tendu, déroutant et aux audaces sourdes. Ou du moins une première lecture de ces Poings desserrés, un film bien réalisé, prenant mais dur et, comme dit plus haut, oppressant.
Les quatre acteurs principaux : Ada, son père et ses deux frères sont très bien. Le petit copain, qui a des vues sur elle, est peut-être un ton en dessous, mais pas trop mal non plus. Heureusement qu'il y a cette jeune femme, ces jeunes gens, parce que l'environnement, le climat, le bled dans lequel ils vivent sont tout sauf agréables à regarder et à vivre.
La fin est bizarre, jolie et agaçante, parce que ambiguë et pouvant s'interpréter de plus d'une façon. Encore que...
Un bon film donc, mais que certains trouveront assez énigmatique. L'héroïne veut sa liberté, se bat pour elle et quand la cage est ouverte et qu'elle peut en sortir, on a l'impression que la vie nouvelle, qui se dessine devant elle, soudain lui fait peur et qu'elle n'en veut pas.
À moins que ce qu'elle décide d'avoir, elle le tienne tendrement entre ses bras (voire, qui sait ?, entre ses mains) dans les trois ou quatre dernières minutes du film. Ce qui expliquerait qu'elle se déleste mine de rien de son sac, l'abandonnant derrière elle sur la grand-route, sac qui contient sa carte d'identité pourtant obtenue de haute lutte et, en principe, nécessaire à sa prise en charge par l'hôpital de la ville vers laquelle ils se dirigent.
Chacun comprendra la dernière séquence comme il veut.