Les Poings desserrés est enveloppé d’une sorte de chape de plomb, qui écraserait les personnages, les situations. Pas seulement celui d’Ada, l’héroïne, mais tous, le père, le frère, le petit ami/courtisan » ont l’air d’être en prison, enfermés dans leur solitude, leur mal-être, leur situation sociale ou personnelle, soumis à leurs démons, leurs peurs ou leurs faiblesses (leur histoire ? - Le versant politique n'étant jamais loin). Et aucun n’a l’air de savoir comment s’en sortir. Le décor est morne, poussiéreux, tout espoir d’un futur meilleur semble inexistant, tous ont l’air résignés. Et on fait du drift pour passer le temps, comme si on espérait que la poussière s’envole.
Et les personnages ne parlent pas, ils sont là, mais ne parlent pas, c’est comme s’ils ne savaient pas mettre des mots ce qu’ils ressentaient.
Et au milieu, on a Ada, qui elle, a envie de faire quelque chose, elle veut fuir, elle veut sa liberté. Mais elle aussi a du mal à parler. Et donc le film nous fait ressentir tout du long une sorte de confrontation intérieure, entre un pessimisme presque désespéré sur sa situation et une soif de liberté optimiste, entre la haine de sa famille qui la retient, et son amour pour son père, ses frères. Comme si elles ne savaient pas où se mettre, comme si elle ne se comprenait pas elle-même. En résulte ses errements de comportements, toujours silencieux, jamais théorisés, jamais expliqués. Toujours ressentis.
Ces errements trouvent leur apogée dans des plans séquence vertigineux qui parviennent à capter des regards qui disent tout, des regard où se mêlent en même temps le rejet de l’autre et l’envie de se faire aider, le désespoir et l’espoir, la haine et l’amour. Et dans lesquels Les Poings desserrés atteint une vraie grâce.