Vous n’allez pas l’aimer mais il ne va pas vous aimer non plus ...

Western probablement jamais sorti en France aux dires de Patrick Brion. Les explications sont assez vagues et pourraient relever du N&B alors que la mode était alors au western en couleur …

Et pourtant quand on le voit, on n'est pas près de l'oublier car il est assez particulier et assez intense.

Charles Marquis Warren est un réalisateur et scénariste de westerns série B (principalement, je pense) et a fait deux autres westerns "Little Big Horn (critique SC faite) " et "Tension at Table Rock" (critique SC pas encore faite) qui sont plutôt de bon niveau sans être transcendants. Pour de la série B, c'est plutôt bon comme d'ailleurs "Hellgate", objet de cette critique.

C'est l'histoire, au Kansas, d'un vétérinaire qui s'est battu dans les rangs sudistes pendant la guerre de sécession mais s'est rangé, naturellement, avec sa femme, du côté des vainqueurs. Seulement voilà qu'une bande de sudistes, ayant tourné gangsters après la guerre, l'implique plus ou moins involontairement dans leurs méfaits et le font accuser à tort comme "guerillero". Il est condamné à de la prison à vie à Hellgate, un pénitencier au milieu du désert où le premier des maux est la soif et le deuxième, est le directeur intraitable Voorhees (dont la femme et l'enfant furent assassinés par des pillards sudistes ce qui n'est pas fait pour l'amener à la raison).

Le prologue au générique laisserait entendre que l'histoire s'inspire de faits réels. Un point particulier qui baigne le film est la haine résiliente qui subsiste entre sudistes et nordistes après la fin de la guerre, ce qui me semble réaliste.

Parlons d'abord de ce qui est bien dans le film :

Le rôle du vétérinaire, Gil Hanley, est interprété par Sterling Hayden dont j'admire toujours la "force tranquille" qui anime cet acteur. Là il ne démérite pas du tout dans le rôle de la victime d'une injustice où il s'adapte à la situation tout en conservant une part d'humanité vis-à-vis des autres prisonniers. Sterling Hayden est un acteur qui ne passe jamais inaperçu. Je dirais que c'est une "gueule" du cinéma américain qu'on aime bien retrouver au détour d'un film.

L'épouse, aimante, du vétérinaire est jouée par la belle et toute aussi tranquille Joan Leslie, qui va se battre pour tenter de faire libérer, en vain, son mari …

Mais c'est Ward Bond qui joue le rôle du méchant directeur de la prison qui a de nombreux alliés pour empêcher les évasions : d'abord le désert, puis une troupe d'indiens "Pima" qui sont chargés de traquer contre rémunération les éventuels fugitifs. Comme dans "Johnny Guitar", War Bond retrouve Sterling Hayden.

L'accueil de Ward Bond des nouveaux prisonniers avec le tour du propriétaire des raffinements de la prispn met le spectateur en appétit :

"Vous n’allez pas l’aimer mais il ne va pas vous aimer non plus "

Une autre chose qui est bien dans le film est la mise en scène avec des décors qui font bien un peu carton pate mais qui sont en fait très réalistes. Ensuite, le montage des diverses scènes est pas mal aussi car contribue à établir un certain suspense. Tout ceci est très honnête de mon point de vue pour un film fauché de série B.

Tout irait bien si on ne regarde pas trop dans le détail la vraisemblance de certains personnages ou de certaines scènes. C'est dommage car un petit peu plus de travail sur le scénario et sur les personnages aurait pu donner une meilleure impression du film.

Deux exemples pour illustrer : il est clair que Hellgate est loin de tout et interdit des contacts avec l'extérieur à l'eception des corvées d'au plutôt problématiques. Lors d'une scène d'évasion, de miraculux chevaux sont disposés à proximité sortant d'on ne sait où … Le deuxième exemple concerne Ward Bond qui, à la fin, change d'avis sur le prisonnier Gil Hanley dont le comportement est parfois un peu cousu de très gros fil blanc. On comprend bien sûr pourquoi mais le changement est invraisemblablement trop abrupt et aurait dû être amené de façon un peu plus subtile. On aurait presque l'impression que Charles Marquis Warren avait un budget pour 87 minutes et qu'à la fin, il était sérieusement à la bourre et il fallait précipiter un peu les choses pour que tout tienne dedans.

Au final, je mettrai bien 7/10 à ce film car il marque les esprits, la mise en scène de la prison est très efficace et les acteurs convaincants. De plus, c'est une série B par conséquent on ne peut pas en attendre plus que possible mais je dirais que le rapport qualité/prix est très en faveur du film. Néanmoins, les faiblesses scénaristiques empêchent de ranger le western parmi les plus grands.

JeanG55
7
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le 2 août 2022

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