Il n'y pas de sot métiers mais il y en a des ingrats, et on n'envie pas cette équipe de représentants faisant du porte à porte avec des fortunes diverses, proposant des livres qu'ils n'on pas lus à des clients qui n'en ont pas besoin.
Qu'ils soient inexpérimentés, tel Jérôme qui vient d'intégrer le groupe, ou roublards comme ses collègues aguerris, ces colporteurs coachés par un Benoît Poelvoorde tour à tour solennel et vulgaire, font figures de minables et de loosers (on ne sait pas si la corporation s'en est offusquée!)
Les auteurs (dont Poelvoorde) ont le trait féroce, quoique sans mépris, où l'horizon du VRP parait si morne, sa relation avec la clientèle entachée de médiocrité, de beauferie parfois. L'humanité dépeinte ici est plutôt du genre affligeant, que d'aucuns jugeront outrancière. Mais il y a de la justesse dans cette démonstration par la caricature, dans l'humour cinglant et cynique.
Le film est drôle et les dialogues bien ciselés, qu'ils décrivent les relations au sein du groupe ou les techniques commerciales sur le terrain. Exposés au ridicule et aux déconvenues, les personnages n'en sont pas moins attachants. le principal d'entre eux, l'inénarrable chef joué par Poelvoorde, offre à ce dernier la possibilité d'une brillante composition dans un registre qu'on lui connait déjà de théoricien de lieux communs et de grande gueule finalement dépitée. Qu'on se souvienne en particulier de sa prestation
en slip kangourou
au bord d'une piscine, expliquant à sa troupe incrédule sa nouvelle stratégie à l'américaine. Un grand moment!