Trois amies, dont l'une, interprétée par India Hair, occupe le devant de la scène de façon plus grave, se débattent dans les nombreuses formes amoureuses qu'Emmanuel Mouret met à leur disposition. L'amour qui s'en va, l'amour qui nait ou qui se transforme: il n'y a rien dans le film de Mouret qui puisse nous surprendre de la part de son auteur. Mais il nous propose un joli scénario, bien écrit qui dispense ses pertinences sur l'amour et la relation de couple sur tous les tons. Et parce que les exigences amoureuses sont différentes de l'une aux autres, les questionnements sentimentaux à voix hautes des trois amies rappellent ouvertement Rohmer. On sait depuis longtemps que Mouret est un disciple.
Les trois amies et leurs conjoints ou amants ou soupirants ont en commun que l'amour les fera souffrir, au mieux les indisposera, d'une façon ou d'une autre au cours du film, lequel, même quand il se mue en un vaudeville typique de Mouret, prend indifféremment les accents de la comédie ou du drame sentimental.
J'aime bien Mouret dans la fantaisie; je le trouve parfois un peu moins convaincant quand il se fait plus sérieux, plus exactement quand ses considérations, surtout au début du film, donnent l'impression d'une consultation chez le psy. Son film "monte en puissance", comme on dit dans le sport, probablement parce l'histoire de chacun des personnages finit par nous toucher, voire par nous évoquer quelques chose de personnel. Forcément, le réalisateur balaie, de façon presque exhaustive, le spectre amoureux!
India Hair et Sara Forestier se taille la plus grande part. La première, sur un mode introverti, fait passer de belles émotions et une justesse attachante. La seconde, de la façon pétulante qui est souvent la sienne, est davantage dans le jeu de comédie expressif. Ce contraste est intéressant dans la mise en scène.
Mouret est sans doute plus sombre qu'à l'habitude mais peu importe: l'amour est si hasardeux, si volatil qu'il finira bien par se poser à nouveau sans qu'on l'attende. C'est le sens de sa conclusion.