"Rien de se perd, rien ne se crée : tout se transforme." ( Antoine-Laurent de Lavoisier )
Trois chapitres, de la matière et une caméra égalent une multitude de possibilités ! Jan Svankmajer nous entraîne onze minutes durant dans un concert de formes tour à tour harmonieuses et cacophoniques, livrant avec ce court métrage une pièce d'orfèvrerie particulièrement travaillée.
Ca commence comme une toile de Giuseppe Arcimboldo qui s'emballe de manière perpétuelle, montrant des créatures s'entre-dévorant pour mieux partager leurs matières constituantes : en quelques secondes toute la folie du cinéma de Svankmajer nous frappe telle une évidence, et l'on a bien peine à imaginer les mains cachées derrière toute cette charge de labeur, de malaxation, de découpage et d'incorporation en tous genres.
Réalisé image par image Les possibilités du dialogue montre dans son second chapitre une substance glaiseuse se transformant à l'infini, jouant par ailleurs sur une système d'imbrication de la matière : dialogue fusionnel succédant à la composition hétéroclite des premières minutes, non moins fascinant et tout aussi élaboré. Le troisième acte reprend le principe ludique du célèbre chifoumi, confrontant des matériaux aussi différents qu'une brosse à dent, un lacet de chaussure ou un taille-crayon : le résultat demeure incroyablement hypnotique, admirable et saisissant !
Un véritable chef-d'oeuvre de l'animation tchèque, portant déjà toute la charge virtuose des futurs longs métrages du génial Jan Svankmajer. Un objet unique, prolifique et proprement influent, qui a entre autres choses servi de source créatrice aux talentueux frères Quay. Incontournable.