"La vie, ça n'est pas juste respirer".
Cette phrase, prononcée par Mickaël Lonsdale, m'est apparue comme l'énoncé le plus puissant du film. C'est d'ailleurs, outre la présence d'Albert Dupontel, la phrase qui m'avait donné envie de découvrir cette oeuvre. Bon, il y avait aussi le fait qu'il s'agissait semble t-il d'un western à la française.


Autant dire que, même si certaines situations peuvent rappeler le style far ouest, on est bien loin des Rocheuses et du Middle ouest américain. En fait, l'intrigue se situe dans la Beauce, juste au sud de Paris. C'est plat, c'est gris, c'est chiant. Une belle illustration de l'histoire en fait.


Ce que j'apprécie chez Dupontel, c'est le côté déjanté de ses personnages. Là, il apparaît plutôt sage et posé. Les décors sont plats (des champs labourés, des chemins humides), entrecoupés de friches industrielles sordides (de vieux lieux de stockage des céréales, des entrepôts désaffectés) et les personnages sont réalistes au possibles, fatigués voire limités. Rien à voir avec le dernier Tarantino (les 8 salopards) et ses gueules de méchants touts droits sortis de bandes dessinées. Ici, c'est la tronche du français lambda, pas trop fin, voire un peu concon qui s'inscrit sur l'écran (je ne parle évidemment pas de Dupontel, Lanners, Lonsdale, Von Sydow ou Suzanne Clément qui parviennent à exprimer des sentiments intéressants). Mais pas de Stetson ni de colt, juste du fusil de chasse, des pulls en laine épaisse et de la grosse chaussure de randonnée).
Les dialogues sont certainement très profonds (la vie, l'amitié, le temps qui passe, tout ça...) mais lents et ennuyeux au possible. J'ai eu l'impression d'arpenter un chemin bourbeux dont l'argile gluante me collerait aux semelles ; je ne suis manifestement pas réceptif à cette forme d'expression artistique. Trop brute. Trop réaliste.
En outre, je dois être vraiment trop conditionné par les films américains mais les champs de céréales en hiver, ça me fait modérément vibrer. A part reconnaître des paysages où je suis quelquefois passé en voiture sans émerveillement aucun (sauf ce fameux rail de béton abandonné destiné un temps à un projet de monorail qui m'a toujours intrigué), ce film m'a fait chavirer d'ennui.


Certes, on y voit Jésus, un doux rêveur qui tente de réparer quelques injustices mais bon, comme j'ai pas la foi...

Apostille
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le 30 janv. 2016

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