L'humanité*
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"Les Premiers les Derniers" commence très mal : par une esthétique post apocalyptique qui caresse le public actuel dans le sens du poil. Dans des paysages ravagés, au milieu de bâtiments laids et décrépis, des êtres fatigués ou débiles courent sans conviction après de vagues "McGuffins" qui servent à Lanners à justifier à peu près n'importe quoi, pourvu que ça soit lent, décati, sinistre... et filmé avec une indéniable élégance. Le pire arrive quand Jésus débarque (je me souviens d'une citation des 70's : "Tout bouquin (ou film) où il y a Jésus, c'est forcément mauvais...") : là on se dit que Lanners se fout vraiment de notre tronche. On est prêt à abandonner devant une telle accumulation de poncifs, devant ce faux geste artistique qui sent la frime et le manque d'inspiration. Et puis quelque chose arrive, à peu près à la moitié du film : d'abord une femme, puis Lonsdale - l'acteur qui peut transcender n'importe quel film pourvu qu'on le laisse 5 minutes à l'écran -, puis Max Von Sydow, éternellement vieux. Ainsi renaît l'humanité - sujet du film, ok, ok... -, et les personnages ont quelque chose à dire, à faire, et "les Premiers les Derniers" dépasse - enfin - le stade de la pose artistique pour devenir du vrai cinéma. Lanners a alors l'intelligence de laisser hors champs ses "méchants" stéréotypés s'entretuer loin de nos regards, pour filmer des gens qui ont quelque chose à vivre ensemble. Parce que "Vivre, c'est plus que respirer" (Lonsdale) : le film devrait commencer là. Malheureusement il se termine. [Critique écrite en 2016]
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le 13 juin 2016
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