Comme plusieurs westerns tournés à cette époque de fin d'années 60, ces aventures mexicaines sont réalisées sur un ton désenchanté, amer et nostalgique d'un glorieux passé ; les héros sont fatigués, usés par trop d'équipées sauvages, ils apparaissent comme anachroniques face au capitalisme de J.W. Grant, brasseur d'affaires antipathique qui veut retrouver son épouse enlevée par un bandit mexicain. Partis pour sans doute ce qui sera une dernière mission périlleuse, ces 4 mercenaires sont d'une autre époque, on est en 1917 pendant la révolution mexicaine.
Le film adopte donc des codes et des symboles westerniens, mais se double aussi d'un film d'aventures semé de coups de théâtre et parcouru de bons sentiments. L'ensemble penche vers le crépusculaire tandis que sa violence très nette, ajoute également l'influence reçue du western italien. C'est un western lyrique, teinté d'amertume, qui n'est plus de la grande époque et qui commence à sentir le moisi, il annonce les derniers feux d'un genre qui va bientôt devenir moribond (la décennie 70 sonnant le glas du western à Hollywood). C'est sans doute pour toutes ces raisons que les Professionnels ne fait pas partie de mes westerns fétiches, on est loin de John Ford ou d'Anthony Mann, et même de Hawks et Daves.
Mais il y a aussi des compensations : la façon qu' a Brooks de filmer l'image ample et le traitement de l'espace et des affrontements, rappellent une forme de western disparu en 1966. D'autre part, le casting est exceptionnel, de grands acteurs raniment aussi la flamme de cette nostalgie hollywoodienne. Richard Brooks réalise là probablement son chef-d'oeuvre, un film d'action pure, palpitant et généreux, bien qu'amer, de l'aventure pour le plaisir de l'aventure se doublant en même temps d'une réflexion lucide mais dénuée de gravité sur la bravoure et le sens de l'honneur, sur les raisons qui poussent des hommes à user de la violence.