Les Proies signe le retour de Sofia Coppola, 4 ans après The Bling Ring mais aussi et surtout 11 ans après Marie-Antoinette, Lost in Translation et Virgin Suicides dont selon moi, il est le digne héritier après une période d’errance de la part de sa réalisatrice.
Synopsis : John McBurney, soldat nordiste blessé durant la guerre de Sécession, est secouru par une adolescente qui le ramène dans un pensionnat sudiste pour jeunes filles. Peu à peu, l’homme devient objet de désir dans ce microcosme où la sexualité est réprimée.
La lecture du synopsis fait directement penser à Virgin Suicides du fait du huis clos de jeunes pucelles astreintes à des règles strictes sans contact avec la gente masculine. D’ailleurs, le lien est très vite fait dès le début du film avec un soin particulier pour s’attarder sur l’immense bâtisse derrière l’imposante grille invariablement fermée.
On retrouve le travail méticuleux sur les costumes de Marie-Antoinette mais aussi certains traits de caractère de la Kirsten Dunst de l’époque, espiègle et pleine de vie dans sa prison dorée.
Enfin, l’ambiance tout en contemplation et le rythme qui ont caractérisé Lost in Translation et en font le chef d’œuvre qu’il est sont également de retour dans ce film.
Au-delà de la réalisation, la distribution qui nous faisait rêver déjà depuis des mois (Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning !!) nous livrent la prestation qu’on attendait de ces grands acteurs. Mention spéciale pour Elle Fanning dont je deviens peu à peu résolument fan !!
Alors, qu’est-ce qui pose tant problème à la communauté Senscritique concernant ce film ?
Chaque critique reprend à son compte la comparaison avec le film de Don Siegel, Ah lala! Clint Eastwood était tellement bon ! Et puis il y avait du viol… de l’inceste… et de la pédophilie !
Eh les mecs ?! Si ça vous manque tant que ça dans un film, questionnez-vous ! C’est que vous avez peut-être un problème !!
Pour moi Sofia Coppola a repris les éléments d’un scénario qui l’intéressait et l’a modelé pour en faire une œuvre bien à part. Oubliez la comparaison !! Peut-on parlé de remake ? Je pense que non.… mais au fond, cela importe-t-il réellement ?
A mon sens, ce film est profondément critique envers l'Eglise: au travers d'une allégorie biblique, on y retrouve le jardin d’Eden magnifié par une photographie remarquable mais aussi les différents personnages du mythe : Adam, Eve, Lilith et Satan déguisé en serpent (ou en araignée ?), sans oublier la dégustation du fruit défendu précédent la chute inexorable. Un des côtés plus qu’intéressant c’est de ne pas savoir qui on suit, les rôles s’alternant ou ne s’alternant pas jusqu’à la fin. Qui suit-on ? Qui est qui ? Qui est le prédateur et qui est la proie ? (A ce propos, je préfère le titre anglophone bien plus ambigu!) J’ai été tenu en haleine pendant l’intégralité de ce film ponctué de prières, de repas (la Cène), de Judas, de règles, de frustrations parfois bien plus castratrices qu’on ne le pense mais également d’une bonne dose d'hypocrisie ... bref de la religion!!