Les Proies, le dernier film de Sofia Coppola présenté à Cannes porte bien son titre: voici le statut du spectateur pendant un peu plus d’une heure et demi.
Le prétexte? Guerre de Sécession, un manoir sudiste où deux institutrices - Nicole Kidman et Kirsten Dunst - et quelques jeunes filles en fleur vivent en communauté, attendant que la situation se calme. L’une d’elle pensait partir cueillir des champignons et revient avec Colin Farrell à la place. Un Yankee, ennemi et blessé, mais charité chrétienne oblige, un homme à soigner.
L’intrigue tient en une ligne: la solidarité féminine de gourdiflette résistera-t-elle en face de testostérone?
Binaire, rétrograde, machiste.
L’homme est désirable car homme, aucune épaisseur, aucun trait de caractère qui pourrait justifier cette attractivité. Les demoiselles si sérieuses se transforment soudainement en midinettes qui se coiffent et se pomponnent (bien sûr, comment plaire si ce n’est en mettant en avant son physique, il ne faudrait tout de même pas utiliser ses neurones). Elles se complaisent dans une compétition stérile et leurs liens s’étiolent.
Bien sûr, un drame se produit, qui confirme qu’en chaque femme se cache une hystérique jalouse. Les scènes oscillent entre le ridicule (Nicole, Colin et une éponge humide) et l’improbable (un estropié qui court plus vite qu’un enfant).
L’histoire aurait pu fonctionner si la succession de rebondissements peu crédible avait pu se reposer sur une écriture forte, si l’on arrivait à s’attacher à au moins l’un des personnages, Or, ils sont tous vains et interchangeables.
Voici donc un roman Harlequin esthétisant avec beaucoup de budget. À défaut, la bande annonce a le bon goût de vous résumer le film en deux minutes pour vous épargner une vision en salle.