... Non, je plaisante. Mais il faut avouer que le point de départ fait plutôt penser à une nouvelle du Décaméron ou à un film de Marc Dorcel : un soldat yankee blessé à la jambe, McB. est recueilli dans un pensionnat de jeune fille à l'écart de tout. L'institutrice, Edwyna est vierge et innocente, la directrice, Martha, a eu une relation incestueuse avec son frère, et une des filles, Caroll, ne pense qu'au sexe.

Et pourtant, il n'y a qu'une séquence un tant soit peu olé-olé. Le film est cependant sacrément dérangeant, et diablement intéressant.

D'abord pour le personnage de McB. C'est l'époque où Eastwood jouait à casser son mythe de sex-symbol macho (il fait son premier film, "Un frisson dans la nuit", la même année). Il campe fort bien un soldat menteur, beau parleur, ivrogne et prédateur sexuel. Les plans qui superposent ses beaux discours angéliques et ses véritables actions (pillage, lâcheté, etc...) sont particulièrement savoureux. Et puis il y a ce contraste entre son corps très viril et la castration que représente sa jambe blessée.

L'évolution des personnages féminins, qui passent d'un négligé repoussant à une féminité de plus en plus agressive, est bien fichue. La narration repose beaucoup sur le symbole, ce qui fait que le film est intéressant en première vision, mais n'appelle pas forcément à être revu. Le corbeau accroché par une patte est visiblement une image de la virilité de McB. Les portes... faut-il expliciter ? Le plus culotté, c'est la séquence fantasmatique de Martha, qui même velléité de triolisme et symbolique sulpicienne.

C'est un film violent, pas tant au niveau du gore que de l'atmosphère sourde et du danger latent de viol que représentent les armées autour du pensionnat, Il y a aussi bien sûr la séquence d'amputation, avec la pas belle fracture ouverte et tout, qui joue bien sur les nerfs du spectateurs. C'est bien vu et ce n'est pas gratuit. Le dénouement est sombre et cynique, avec le dévoiement de la figure a-priori angélique d'Amy courant un panier de champignons à la main.

Au niveau de l'image,l'essentiel du film se passant en intérieur, on retiendra surtout le travail sur l'éclairage (les nombreuses lampes à pétrole/bougies, etc...), avec quelques mouvements de grue pour les plans en extérieur. Je n'ai pas compris l'intérêt narratif du fondu noir et blanc/couleur au début et de son inverse à la fin. Peut-être simplement un effet de clôture...

C'est un film violent, qui traite des fantasmes, de l'hypocrisie. La violence n'est pas gratuite car elle oblige chaque personnage à abattre son jeu, et ce n'est pas joli-joli. Chapeau donc.
zardoz6704
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le 12 mai 2013

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