Sofia Coppola et les femmes, c'est une grande histoire, depuis son premier film elle aime pointer sa caméra sur elles, alors si ce remake du film de Don Siegel n'a que peu d’intérêt, il est l'occasion pour la fille de Francis de filmer à nouveau des femmes dans des costumes d'époque, ce qu'elle avait déjà fait avec Marie-Antoinette il y a 11 ans.
Inutile de dire que la miss était attendue au tournant, après avoir grandement déçu son public avec le bling bling, The Bling Ring, les avoir endormis avec Somewhere ou ne les avoir que bien peu divertis avec A Very Murray Christmas, il fallait bien qu'elle remonte la pente.
Personnellement, hormis le dernier cité qui n'est qu'un téléfilm entre amis manquant de punch, je n'ai jamais détesté un film de la miss, même ses derniers, sans être très profonds réservent des moments plaisants.
Alors question, Sofia est-elle en manque d'inspiration depuis quelques années ? Pourquoi soudain ce remake inattendu et si peu justifiable ?
Bref, quoiqu'il en soit, The Beguiled, ou Les Proies pour nous français, original, je n'en suis pas vraiment mordu, malgré la présence de mon cher Clint, mais il me faudrait tout de même y rejeter un œil, tant je crois ne pas l'avoir vu dans de bonnes conditions.
Cette nouvelle version, très féminine et étrangement édulcorée n'est pas sans bons côtés. J'ai clairement aimé les cadres, proche du 4:3, la réalisation est calme, répétitive, posée, je pense qu'on voit rarement plus posé, m'enfin là est le style de Sofia. La bande son est quasi inexistante, ou quand elle apparaît ronronne nerveusement, j'ai vraiment adoré ça. La photographie, elle, est superbe, sombre, désaturée, limite ocre. Puis niveau casting, malgré le beau monde, les femmes sont bizarrement ou pas mieux dirigées que l'homme du film, Colin Farrell.
En effet, si le film n'est selon moi pas à jeter, il ne mérite pas son prix cannois de la mise en scène, clairement pas.
Le très, trop gros défaut du film, c'est son expédition et son manque d'ambiance. il aurait fallu tenter un bon deux heures au lieu de jouer sur la lenteur en 1h30. Les actions sont très rapides, rien que la rencontre, première rencontre entre le soldat et la gamine, au tout début, est expédiée comme si ça allait de soi, aucune tension, émotion, la gamine n'a pas peur, elle propose direct au soldat, ennemi en plus, de le loger. Personnellement ça m'a vraiment choqué, et l'être dès le début du film c'est un peu dommage. Tristement cela se rejouera plusieurs fois dans le métrage, tout parait évident pour les personnages, tout est rapide et manque de naturel. Le soldat lui étant assez mal géré, il parait creux, trop simple comparé à ce qu'il a vécu et vit à ce moment.
Les rôles de femmes eux sont déjà un peu plus complexes et mieux écrits. En la présence de Nicole Kidman, l'évidente Kirsten Dunst, amie de la réalisatrice, tout comme Elle Fanning, la jeune Angourie Rice ou encore Oona Laurence.
Le manque de tension "crédible" est là, il se fait sentir. Peut être et sans doute que plus d'ambiance sonore aurait apportée quelque chose, mais il faut aussi savoir créer de la tension sans, ce qui est rarement présent dans le film. Même la fin semble si naturelle...
En bref, s'il ne s'agit d'une grosse déception puisqu'il ne s'agissait pas d'une grosse attente, ça reste pour moi un bon film, je ne saurais vraiment dire pourquoi car les défauts que j'avance sont tout de même importants. J'ai donc passé un bon moment devant ce Coppola manquant cependant cruellement d'enjeux développés et d'émotions plus subtiles.