La principale qualité des Promesses tient à la représentation de la vie politique d’une municipalité du 93 sous les traits d’un engagement sans failles et d’un combat permanent pour le bien commun. Le personnage de Clémence, incarné par Isabelle Huppert, se définit par une instabilité personnelle à l’unisson de l’instabilité politique qui régit son quotidien : annoncer qu’il s’agit là du dernier mandat puis en briguer un troisième contre toute attente, contracter un deal avec Pierre Messac qu’il faudra honorer tant bien que mal, calmer le mécontentement général en trouvant une voie médiane entre la vérité (impossible) et le mensonge (immoral), etc. Le film montre bien la surcharge de travail qui incombe au maire et au personnel municipal ; en ce sens, il se situe dans une démarche similaire à celle entreprise il y a quatre ans par Antoine Russbach avec Ceux qui travaillent, le sens de la mise en scène en moins.
Car le défaut majeur du long métrage est de ne jamais concevoir une forme à même d’incarner le chaos, ou la course, ou la perte de repères des protagonistes ; tout est filmé sur le même plan, avec propreté et clarté. Pensons au dynamisme virtuose de la caméra de Bertrand Tavernier dans Quai d’Orsay (2013), adaptation géniale d’une bande dessinée, ou du néoréalisme glacial d’Antoine Russbach. Un tel déficit contraint le film à sa désintégration après visionnage, alors même que le point de vue adopté, le scénario et la direction d’acteurs s’avèrent convaincants.