Des promesses, l'éclatant premier long-métrage de Thomas Kruithof, La mécanique de l'ombre, en donnait beaucoup. 5 ans plus tard, son deuxième film les tient en montrant que l'exercice du pouvoir, loin de toute démagogie ou caricature, se caractérise d'abord par sa complexité et par le fait de transiger avec des contingences qui ne correspondent que de loin avec des idéaux personnels. La démonstration tient d'abord par l'échelon choisi, celui d'une municipalité, en l'occurrence de la banlieue parisienne, avec ses problèmes spécifiques. La première qualité de Les promesses est la finesse de son écriture qui rend les choses compliquées presque simples et ne fait pas preuve d'angélisme dans la description du quotidien d'une mairesse et de ses administrés. Des coups bas, il y en a, des mensonges et des compromissions aussi, mais au service d'une volonté farouche de faire triompher des convictions, quitte à y laisser des plumes. Heurts sur la ville mais aussi choix d'une voie plutôt qu'une autre : rude est le labeur municipal et le film parvient dans le même temps à ne pas négliger l'aspect humain de la fonction, tout en mettant en avant ce duo maire/directeur de cabinet, tellement primordial, mais rarement aussi bien vu. Dans un sens, Les promesses est un hommage à la démocratie, un système faillible mais sans doute le moins pire de tous les régimes. Inutile de dire que Isabelle Huppert est parfaitement taillée pour ce rôle de mairesse et elle forme avec Reda Kateb un attelage plus que convaincant. Le reproche majeur que l'on pourrait faire au film est cependant sa mise en scène, un peu terne, mais la pertinence de son scénario et sa structure en forme de thriller social font presque oublier cette lacune.