Quand il s’est fait plus rare dans les années 2000, David Cronenberg a réalisé deux films qui détonnent dans sa filmographie. Plus encore que History of violence, Les Promesses de l’ombre frappe par son classicisme. Ce film de gangsters, qui se rapproche davantage de la tragédie anglaise que du thriller que laisse augurer son pitch, est, avant tout, un film de personnages. Et la réussite du film repose en grande partie sur la remarquable performance de ses acteurs, Viggo Mortensen en tête. Entre violence rentrée, humanisme sous-jacent et fêlures apparentes, il déploie une immense palette qui rend son personnage vraiment passionnant. Vincent Cassel, en fils brisé par le poids de ses responsabilités et de ses démons personnels, incarne à nouveau avec brio un personnage à la limite. Armin Mueller-Stahl demeure un bel enfoiré qui cache bien son jeu sous son apparente bonhomie. Quant à Naomi Watts, elle apporte la touche de douceur et d’humanité dans ce monde de brutes.


Pour ceux qui s’attendent à un film explosif, vous serez certainement déçus. David Cronenberg joue la carte du drame et jamais celle du film d’action. Son film repose sur la tension entre les personnages, les jeux de dupes qui se nouent et sur le destin de chacun. Un parti-pris qui ne l’empêche pas de céder à des accès de violence avec des égorgements en bonne et due forme, sanglants à souhait, et des scènes d’une sauvagerie et d’un réalisme saisissant. On n’oubliera pas ainsi pas de sitôt la formidable scène dans les bains turcs avec un remarquable plan séquence d’une sauvagerie dingue. L’occasion aussi de rappeler que David Cronenberg n’a pas complètement oublié non plus ses obsessions pour les corps, les plaies et la douleur.


S’il manque parfois un peu de rythme, à mon goût, le résultat reste un moment fort. Tout n’explose pas à la fin comme on aurait pu l’imaginer ou l’espérer mais les ravages réalisés par la péripétie qui nous est contée sont dévastateurs. Un vrai film noir, à la violence contenue, qui murmure la folie qui anime les clans mafieux sans jamais sombrer dans la caricature. En somme, un film tout en maîtrise.


Play-It-Again-Seb
7

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le 24 mars 2023

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