Les branleurs
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le 12 juin 2015
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6em film de l'année, deuxième film de Truffaut après A bout de Souffle, je continue ma rétrospective portant sur la Nouvelle Vague avec ce grand classique qui a tant inspiré les générations suivantes.
On suit l'histoire d'Antoine incarné ici brillamment par Jean-Pierre Léaud qui mène la vie dure à une mère distante, l'envoûtante Claire Maurier et à son beau-père, le gentil colérique, Albert Rémy dans un foyer au bord de l'implosion. En échec scolaire et ne supportant que très mal l'autorité, il mène une vie alternant vagabondage, bêtises et larcins qu'il fait souvent avec son meilleur ami, René.
Symbole d'une époque qui voulait en son temps se libérer des règles, ce métrage puise à travers son scénario généreusement dans la propre vie de son réalisateur, lui-même ayant vécu nombre de moments de l'histoire du personnage (enfant non désiré, vie entre grand mère malade et parents distants, école buissonnière, son amitié avec Robert Lachenay, sa vie dans le couloir d'un petit appartement parisien, le camp de redressement pour mineurs) et qui s'est érigé contre les normes de l'époque.
Dans un souci de réalisme certain, Truffaut filme une jeunesse, plus vraie que nature, en pleine crise d'identité et avec une insouciance détonante dans le milieu culturel de l'époque.
Cette jeunesse en quête d'idéal dont les membres n'osent qu'à peine rêver tant ils sont confrontés à la dure réalité de la vie qui est retranscrite ici avec un comportement ou réflexion très adulte des 2 enfants et notamment à travers le personnage d'Antoine.
Cette jeunesse désabusée, sombrant peu à peu dans la délinquance, la rébellion et voulant s'affranchir des codes est sans cesse brimée par les anciennes générations qui ne voient en elle que déceptions, désillusions et regrets.
On peut comprendre aisément avec ce film les clichés très ancrés des américains sur les français buveurs, fumeurs et parlant de sexe dès le plus jeune âge.
Truffaut ici ne fait ni l'impasse sur les problèmes économiques, familiaux, scolaires ou encore sociétaux. Tout y passe pour donner encore plus de profondeur et de résonance à son propos, à savoir se libérer des chaînes du passé qui nous emprisonnent et qui nous empêchent d'espérer et de dévoiler un potentiel. Cet espoir et cette soif de liberté étant dans le récit à travers la volonté d'Antoine de voir la mer.
Alternant habilement les moments comiques -surtout quand les deux amis font les 400 coups- de tendresse et les moments un peu plus durs notamment en fin de métrage, le réalisateur arrive à dévoiler tout le talent de son acteur principal.
Le jeu typique de cette période cinématique très marqué par une sorte de surjeu théâtral avec ce fameux bagou parisien -aujourd'hui disparu (hors les Depardieu)- n'est en soi pas dérangeant et on s'y fait facilement, contrairement à d'autres films. L'essentiel du jeu étant porté par un casting d'enfants explique peut être cela.
La narration est limpide et l'interprétation scénique de très bonne facture sont enjolivées par une multiplication de décisions artistiques s'écartant du formalisme du cinéma français.
L'auteur ne cesse d'utiliser la profondeur de champ et le plan séquence pour ancrer son personnage dans un décor. Avec lui, la caméra n'est plus stoïque et chaque plan doit raconter quelque chose avec un réalisme certain contrastant avec le cinéma de l'époque.
Cette maestria peut être symbolisée par la scène de course à pied dans les rues de Paris avec le professeur de sport où au fur et à mesure du trajet de plus en plus de personnes se dispersent sous l'œil malin de l'objectif.
Dans ce souci du réalisme, il y a toujours selon moi le problème du son souvent limite limite qui même si c'est volontaire m'irrite toujours autant et qui est selon peut être un facteur du jeu très théâtral des acteurs de la Nouvelle Vague qui peut tant surprendre de prime abord (les acteurs devant couvrir le bruit ambiant).
Un scénario qui a quelque chose à raconter (car largement autobiographique) sans d'interminables Ping-Pong verbaux ne menant à pas grand chose (tousse A bout de Souffle tousse), une belle interprétation scénique et une volonté artistique affirmée dans chacun des plans, c'est selon moi ce que j'ai vu de meilleur à l'heure actuelle dans le courant de la Nouvelle Vague.
Je comprends son prix de la meilleure mise en scène au Festival de Cannes et son succès auprès du grand public (3 600 000 d'entrées à sa sortie).
A découvrir.
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Créée
le 12 janv. 2021
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