150eme film de l'année 2021 et découverte de cet énième saga qui a décidé de renaitre de ces cendres, le retour malgré une certaine envie est bien compliquée.
Dix-huit ans après les événements de Matrix Revolutions, Thomas A. Anderson (alias Neo) ne se souvient plus de rien et mène une vie d'apparence normale à San Francisco mais la vérité est sur le point d'éclore avec l'apparition de visages familiers.
Monument de la SF et du cinéma, je me souviens encore de la claque visuelle, scénaristique lors que je l'ai vu en salle en fin 1999- on peut dire que j'étais très jeune avec mes presque 9 ans (puis revisionné de multiples fois en cassette, puis DVD puis streaming pfiou une époque^^)- et c'est clairement ce film qui m'a donné le plus l'impression que rentrer pleinement dans ce nouveau millénaire annonçant de grandes choses tellement "on" n'avait jamais vu cela.
Cette distopie profondément cynique, complotiste où tout est une illusion avec l'avènement du rôle central des machines et de l'informatique était d'une telle puissance créative qu'il sert pour beaucoup de maitre étalon du genre.
Revenir dessus malgré un arc narratif parfaitement conclu avec Matrix 3 semblant bien incongrue et inutile. Cette impression ne s'envolant pas à la fin du métrage selon moi.
Empêtré dans un scénario qui a du mal à démarrer et à justifier le retour du spectateur dans cet univers, dans la bonne première heure, le film n'arrête pas de faire du repompage/revival des scènes et dialogues des opus précédents, le tout avec un ton et humour méta qui commence franchement à me souler (Deadpool, qu'est ce que tu as engendré!!).
La réalisatrice (les frères Wachowski sont devenus les sœurs Wachowski et seul Lana est revenu dans le projet) n'arrête pas avec un sous-texte s'adressant directement au spectateur avec des réflexions du genre: Qu'est ce que Matrix? Du Bullet time, des bastons décérébrés. La non binarité, la transsexualité de l'autrice, que Warner allait faire Matrix 4 avec ou sans les gens du départ (ce sont littéralement des réflexions que les pers disent à l'écran).
Or cela fait surtout réflexion de petit malin qui a bien compris qu'il y avait un problème dans le scénar de base et qu'il le dit à haute voix pour dire qu'il a bien vu donc cela va mais le dire ne résout pas le problème. Résultat, c'est hasardeux, très verbaux bien trop longtemps et cela donne un faux rythme à la narration qui accélère par à-coups sans livrer son plein potentiel.
Fort heureusement, tout n'est pas à jeter, loin de là et il y a pas mal d'idées intéressantes qui sont esquissées dans le récit (tel la finalité de nos actes, le poids de l'héritage, ce qui nous définit, la peur du réel et le confort de l'illusion, la boucle infinie de la vie,..) malgré l'infinie lourdeur de l'héritage de la saga qui pèse sur les épaules de cet nouvel opus (y a bien 20 minutes- en exagérant un peu- qui sont tirés des anciens films) et cela durant TOUT le métrage.
Si l'intrigue est alambiquée malgré un fil directeur basique, une autre partie importante de l'ADN Matrix reste les scènes d'actions. Celles-ci étant moins nombreuses et/ou moins impactantes que les autres de la saga, elles restent cependant agréables à l'œil sans néanmoins quelconques fulgurances imprégnant la rétine, la magie ayant un peu disparu selon moi (la saga John Wick est plus inspirée dans ce domaine).
Ce qui rattrape le film à contrario d'un Spiderman No Way Home d'une terrible déception de mon côté, c'est justement toute la partie technique.
Il est indéniable qu'il y a derrière la caméra quelqu'un qui a une vision et une patte artistique que l'on peut voir grâce à une belle photographie, composition des cadres, étalonnage, transitions, enchainement des séquences, idées de plan -rien que la première scène on voit qu'il a une idée de mise en scène-, décors et SFX avec une identité forte.
Sachant que le tout est sublimer par une travail sonore (mixage, bruitage, montage sonore,..) et tout particulièrement une BO de qualité très marquée, tout sauf générique, donnant un véritable corps au récit.
Cela m'a fait plaisir de retrouver les personnages historiques tandis que les nouveaux font plus ou moins le taff même si ces derniers sont moins charismatiques. Le casting fait le taff sans sourciller (y'a quand même un retour d'un personnage, le jeu est à la limite^^) et a plaisir à revenir dans cette franchise, ce qui est plutôt cool.
C'est au final un retour en demi teinte embourbée par un scénario ayant quelques idées intéressantes bien qu'il ait beaucoup de mal à se détacher des opus précédents pour proposer quelques choses de consistant mais qui est en partie sauvé par une bienveillance du spectateur bien content de revoir les personnages et l'univers Matrix grâce aussi à un savoir-faire technique et visuel bien supérieur à un blockbuster sans âme lambda.
Je dirais qu'il manque un petit quelque chose à l'ensemble qui peut être due au fait que cet univers a été crée à deux têtes et que celles-ci étaient complémentaires ce qui en faisait sa force, là la magie a du mal à opérer, il y a comme un bug dans la matrice^^.
J'ai passé un plutôt bon moment malgré des manquements évidents mais par contre si vous n'êtes pas fan ou familier de l'univers, je ne suis pas sur que le film soit pleinement fait pour vous étant donné qu'il est multi-référencé et ne s'appuie essentiellement que sur cela. Cependant pour être honnête, je ne sais pas à quel public il s'adresse vraiment
Pour les fans de la saga (seulement??).
PS: La scène post crédit est ridicule (Chatrix)